Les consommateurs sont-ils prêts à préférer les produits de la mer qui épargnent la ressource ? Les distributeurs le croient. Casino en tête. C'est un petit logo ovale de plastique bleu et blanc, piqué dans l'ouïe d'une sole britannique vendue dans un hyper Casino rennais. Siglé MSC, comme Marine stewardship council. Ce label écologique indépendant, ou écolabel, certifie à l'acheteur que cette sole a été pêchée dans le respect de l'environnement et de la ressource.Les pique-ouïes MSC font leur apparition dans les rayons marée des hypers Casino.
Par petites vagues. « Nous proposons de la sole et du maquereau de Cornouaille », explique Marc Barelier, chargé des produits de la mer frais chez le distributeur stéphanois. Le saumon sauvage d'Alaska y passera quand les quotas seront rouverts.
Le congelé pionnier
Pourquoi pas du poisson français ? « En frais, aucune pêcherie française n'est certifiée », tranche Marc Barelier. Qui privilégie, par ailleurs, les petits bateaux côtiers, fait livrer en direct tourteaux, lieu jaune et langoustines dans ses magasins proches de la mer, prospecte les ressources de l'aquaculture et s'interdit les espèces menacées comme le thon rouge.Les produits de la mer congelés ont ouvert la voie de l'écolabel, explorée d'abord par les pays du nord de l'Europe. Chez Casino, résolument en pointe en France. Carrefour s'y met aussi. Comme Monoprix (merlu du Cap), Ed (saumon du Pacifique) ou Système U. Lidl dispose de quatre références, bien moins qu'en Allemagne. Mais certains, comme Intermarché, développent leur propre label.Ils viennent de recevoir un renfort industriel de poids. Depuis début octobre, Findus fabrique ses bâtonnets Croustibat avec du colin d'Alaska labellisé MSC. Ce n'est pas rien : Croustibat alimente à lui seul 17 % des ventes françaises de poissons panés. Avec cette septième référence MSC, Findus donne un peu plus de crédit à l'avenir des « achats écologiques ».Ce n'est pas encore un raz-de-marée. Mais industriels et distributeurs voient bien que les consommateurs français, déjà très alléchés par les « produits santé » (Actimel, Plantafin, Pro-Activ, fromages Fine Bouche), en pincent de plus en plus pour les produits écolos, en particulier pour les spécialités marines. Et seraient prêts à payer plus cher, de 10 % à 20 %, un produit de la mer pêché de « manière responsable ».
L'Europe ne bouge pasBref, il y a un marché. Avec, quand même, un gros défi, souligné par Marc Barelier : « Trouver le juste équilibre entre la protection de la ressource et une demande croissante. » Et une vraie difficulté : éviter la floraison de labels plus ou moins crédibles, pour offrir au consommateur une vraie référence.C'est l'espoir de Marc Barelier. Il a retenu MSC parce qu'il « est le plus fédérateur ». Le label commence à être connu et repéré, en l'absence d'un véritable écolabel européen que Bruxelles ne souhaite visiblement pas créer.Hervé BABONNEAU.
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