Les trois enseignes d'hypermarchés vont proposer à leurs employés à temps partiel des contrats d'une durée plus longue. Elles disent vouloir améliorer le pouvoir d'achat de leurs salariés. Cette opération de charme intervient à la veille de réforme sur les bas salaires.
La part du temps partiel dans la grande distribution |
GAGNER PLUS EN CUMULANTLES FONCTIONS
Alors que les négociations annuelles obligatoires débutaient, les syndicats avaient dénoncé leurs maigres salaires, le travail dominical et les temps partiels imposés, facteurs de paupérisation des salariés. C'est précisément sur le terrain du temps partiel que Auchan, Casino et Carrefour ont choisi de répliquer. Le groupe Casino entend déployer dans ses 128 hypermarchés la " polycompétence " pour lutter contre le temps partiel subi. " Un sujet sur lequel le groupe s'est engagé dès 2006 et qu'il a approfondi en 2007 ", assure Yves Desjacques, directeur des ressources humaines du groupe. Les salariés à temps partiel qui le souhaitent pourraient travailler deux à quatre heures de plus en cumulant deux fonctions, pour atteindre trente heures hebdomadaires. La méthode est également en cours de test chez Carrefour, sur les postes de caissières. Auchan n'est pas en reste. L'enseigne nordiste qui parle ici de " temps complet choisi " le proposera à " chacun de ses 17.000 collaborateurs " d'ici à 2009. Selon Arnaud Mulliez, président d'Auchan en France, cette " avancée sociale " répondrait au slogan sarkozien " travailler plus pour gagner plus ".
EFFETS PERVERS DES EXONERATIONS DE CHARGES
Dans la même veine, le groupe Casino avance une initiative supplémentaire : l'accord de négociation annuelle obligatoire qu'il vient de signer assure à ses 34.000 salariés une hausse de 3,1 % " en une fois ", après + 2,5 % en 2006 " sur lesseuls minimas en deux fois ", précise le groupe. Les syndicats ne sont pas dupes. " Tout cela est de la poudre aux yeux. La façon dont manoeuvrent actuellement les enseignes est liée à la pression du gouvernement sur la question des allègements de charges sociales sur les bas salaires ", juge Claudette Montoya, élue CGT. Xavier Bertrand, ministre du Travail, planche en effet sur une limitation de l'exonération de charges sur les salaires compris entre 1 et 1,6 fois le Smic aux seules entreprises garantissant de bonnes pratiques sociales. Le gouvernement qui, ce printemps, présentera une loi en ce sens entend lutter contre les effets pervers de ces exonérations. Elles auraient incité les entreprises à payer moins pour bénéficier à plein d'abattements. Le Conseil d'orientation pour l'emploi a récemment suggéré d'amputer de 10 % les allègements des entreprises qui n'ont pas conclu un accord salarial depuis deux ans.
Or, le commerce salarie beaucoup au Smic. Ce projet de réforme a donc obligé la FCD au branle-bas de combat. Le 13 février, elle a signé un avenant à son accord de branche sur les salaires minima. Quelques semaines avant que Casino conclue ses négociations annuelles. Elles sont en cours chez Carrefour et Auchan.
Prix : de " réels excès "
La DGCCRF dévoilera ces jours-ci son enquête véritésur les prix des produits alimentaires dans les hypers. Déjà, François Fillon a révélé qu'ils faisaient état " de réels excès ". " Nous allons dénoncer ceux qui se livrent à des augmentations insupportables de leurs marges ", a-t-il menacé. Le ministère de l'Agricultureva, lui, se pencher sur les prix des salades et leurs marges.
JULIETTE GARNIER
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