L'enseigne est la première à décider le retrait des friandises et autres bonbons de ses caisses afin de lutter contre l'obésité infantile. Michel-Edouard Leclerc s'explique et chiffre le manque à gagner à 5 millions d'euros.
Afin de pouvoir lutter contre l'obésité infantile, la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot, interpellait en début de semaine les enseignes de la grande distribution en leur demandant de retirer « en juin » toutes les confiseries présentées devant les caisses des supermarchés. La ministre demande également « d'ici avril » la suppression de publicités alimentaires pendant les émissions télévisées pour enfants. Sans plus attendre, et en exclusivité pour « le Parisien » et « Aujourd'hui en France », Michel-Edouard Leclerc, le très médiatique patron des enseignes Leclerc, annonce qu'il va retirer de ses caisses et « d'ici le 1er juin » ces confiseries et chocolateries sucrées pour enfants.
Coup de pub ou vraie décision dictée par des considérations sanitaires ? Le dirigeant s'explique.
« Nous allons influer sur les comportements »
Vous êtes le premier à retirer vos friandises des caisses, certains vont vous accuser de faire un coup médiatique ?
Michel-Edouard Leclerc. Nous devions répondre à cet appel de la ministre, même si nous considérons qu'il est un peu illusoire de nous demander d'arrêter de mettre de tels produits en rayons. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Mme Bachelot rencontre un tel scepticisme de la part des distributeurs et industriels. Pour nous, il ne s'agit pas de mettre au pilori ces confiseries, c'est juste une manière intelligente de poser le débat. D'ici le 1er juin, nous allons donc progressivement enlever des caisses treize articles destinés aux enfants. Comme ceux de la gamme Ferrero, les Kinder, Haribo... Cela dit, nous n'allons pas les supprimer, mais juste les déplacer dans le rayon habituel des confiseries. Et puis la liste n'est pas arrêtée, car certains produits comme les Fisherman Friends ou les Cachou sont plutôt pour adultes.
Vous pensez vraiment que cela va faire baisser l'obésité infantile ?
Bien entendu, nous sommes conscients que nous n'allons pas faire baisser l'obésité et diminuer la consommation des friandises par cette simple initiative. Mais nous allons influer sur les comportements. D'ailleurs, cette décision va être accompagnée d'autres actions dans le même sens. Nous allons concevoir des publicités ou des affiches à but pédagogique et diététique sur les lieux de vente. Des enseignes en collaboration avec des agriculteurs, notamment dans la région bordelaise, vont mettre des fruits devant les caisses. Par ailleurs, après la suppression des sacs de caisse, je rappelle que nous sommes la première enseigne à avoir créé un site Internet interactif avec des conseils diététiques personnalisés. Nous avons aussi fait baisser les taux de sel, sucre et de graisse de tous les produits de nos marques repères.
Vous allez subir un manque à gagner ?
Si cela reste un véritable enjeu commercial, effectivement nous nous attendons à un certain manque à gagner. Leclerc représente 18,5 % de la confiserie vendue en grandes surfaces en France. Et les produits devant les caisses 20 % de notre activité dans ce domaine. Je pense que nous allons peut-être perdre aux alentours de cinq millions d'euros par an. Nous enregistrerons peut-être un déficit financier, mais nous allons en retirer un bénéfice d'image.
Propos recueillis par Bruno Mazurier
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