
Les abeilles sont des espèces primordiales pour la pollinisation des cultures. Selon Edward B. Knipling, administrateur de l'Agricultural Research Service (ARS), près de 130 types de cultures aux Etats-Unis sont dépendantes de la pollinisation. L'intervention de ces hyménoptères apporte une valeur ajoutée aux cultures de plus de 15 milliards de dollars chaque année. Depuis 2006 aux Etats-Unis, le Syndrome d'effondrement des colonies d'abeilles ou CCD, pour Colony Collapse Disorder a fait son apparition : il se caractérise par une soudaine disparition de toutes les abeilles adultes d'une colonie. L'U.S. Department of Agriculture (USDA) vient de publier un rapport sur le sujet : le 2010 Colony Collapse Disorder (CCD) Progress Report qui fait le point des travaux de recherche en cours sur ce syndrome.
Ce deuxième rapport annuel, mandaté par le Congrès en 2008 (Farm Bill [Section 7204 (h) (4)]), résume les recherches menées par 8 agences fédérales, 2 départements d'état chargés de l'agriculture, 22 universités et de nombreuses organisations privées pour mieux comprendre les causes du CCD et rechercher des solutions pour stopper ou atténuer son impact. Il a été réalisé par l'Agricultural Research Service et le National Institute of Food and Agriculture (NIFA), dépendants tous deux de l'USDA.
Depuis l'apparition de ce syndrome, les études menées auprès d'apiculteurs, montrent que l'industrie apicole souffre de pertes s'élevant à plus de 30% par an. L'une des explications envisagée par l'USDA pour la destruction de 29% des colonies d'élevage d'abeilles entre 2008 et 2009 serait l'intervention d'un parasite : la mite Varroa (Varroa destructor). Une équipe de chercheurs du département d'entomologie de Michigan State University était parvenue à produire, en laboratoire, des protéines permettant le transport d'ions sodium à travers les membranes cellulaires des mites Varroa. Ceci pourrait permettre aux chercheurs de développer de nouveaux composés chimiques ciblant les canaux sodium de ces parasites mais n'affectant pas ceux des abeilles contrairement aux insecticides tels que le fluvalinate, ayant le même mode opératoire.
L'ARS et le NIFA ont mis en place un programme collaboratif visant à définir une approche intégrée d'étude du CCD. Celui-ci s'est concrétisé par le CCD Action Plan, organisé en 4 thèmes : Etude et collecte de données (échantillons) ; Analyse des échantillons existants ; Identification des facteurs affectant la santé des abeilles, incluant des tentatives pour essayer de recréer la symptomatologie du CCD ; et Atténuation et mesures préventives.
Etude et collecte de données (échantillons)
Dans le but de mieux comprendre les symptômes du CCD, de nombreuses études et collectes de données ont été réalisées. Celles-ci ont mis en évidence que les colonies à la santé affaiblie, incluant les colonies présentant les symptômes du CCD, présentent des taux supérieurs de pathogènes et de résidus de pesticide. Les taux de pertes de colonies s'élevaient à 29% en 2009 et ont augmenté pour passer à 34% en 2010. Ces pertes se révèlent être un problème majeur pour l'industrie apicole et potentiellement pour les biens de consommation qui dépendent de la pollinisation des abeilles.
Analyse des échantillons existants
L'analyse initiale des échantillons d'abeilles prélevées (affectés ou non par le CCD) montre une charge importante en virus et autres pathogènes, pesticides et parasites dans les colonies CCD par rapport aux colonies non-CCD. Ce travail suggère qu'une combinaison de causes de stress pourrait déclencher une cascade d'événements et contribuer à l'apparition de colonies où les ouvrières affaiblies sont plus prédisposées aux parasites et pathogènes. Cette hypothèse complexe est testée dans le cadre d'efforts de recherche conjoints au niveau fédéral et universitaire grâce au financement de l'USDA.
Identification des facteurs affectant la santé des abeilles, incluant des tentatives pour essayer de recréer la symptomatologie du CCD
Les résultats actuels suggèrent que des effets sublétaux provoqués par les pesticides seraient en lien avec le CCD. En particulier deux miticides communs, le coumaphos et le fluvinate, qui sont des pesticides autorisés pour l'utilisation dans les colonies d'abeilles en vue du contrôle des acariens varroa, sont soupçonnés, soit d'agir individuellement, soit en combinaison. Les preuves émergentes de l'exposition aux pesticides des pollinisateurs et leurs potentiels effets d'interaction avec le CCD restent à approfondir. Les résultats des recherches indiquent qu'à la fois la teneur en protéine de leur alimentation et la présence de pollen naturel pourraient renforcer les colonies et compenser les impacts négatifs du stress causé par les parasites, pesticides et également les transports de longues distances des abeilles pour l'exploitation apicole.
Atténuation et mesures préventives
Les mesures susceptibles d'atténuer les pertes d'abeilles sont développées dans le cadre de deux projets nationaux, l'ARS Areawide Project on Honey Bee Health et le Coordinated Agricultural Project (CAP) financés par la NIFA. Les travaux réalisés dans le cadre de ces projets ont notamment permis le développement de nouvelles colonies d'abeilles résistantes aux acariens varroa, de solutions améliorées pour leur alimentation, d'une stratégie (irradiation par rayons et traitement à l'ozone) pour réduire le taux de pathogènes ainsi que l'identification de plusieurs espèces pollinisatrices alternatives. Des progrès ont également été réalisé pour le développement de nouvelles méthodes de détection des parasites et pathogènes, des stratégies de contrôle intégré pour les acariens varroa et une série détaillée de bonnes pratiques de gestion à destination des apiculteurs.
Dans le but de minimiser les cas de CCD et en vue de mettre en place des habitats améliorés et durables pour les pollinisateurs, le Natural Resources Conservation Service (NRCS) met en application la Pollinator Initiative impliquant :
- la révision des standards des pratiques de protection des milieux pour mieux répondre aux besoins des habitats des pollinisateurs ;
- l'identification et la mise à disposition d'écorégions spécifiques et d'une végétation adéquate pour les pollinisateurs (dans le cadre du NRCS Plant Materials Center' Pollinator Conservation Action Plan) ;
- des mesures de soutien incitatives pour améliorer l'habitat des pollinisateurs dans le cadre d'une variété de programmes de protection comme identifié par les NRCS Programs Pollinator Action Plan ;
- la mise à disposition de matériaux de construction écologiques, de programmes de formation et d'assistance sur l'importance des pollinisateurs et les actions utiles pouvant être menées à l'échelle individuelle.
En conclusion, durant les trois dernières années, de nombreuses causes du CCD ont été proposées et étudiées. Bien que la ou les cause(s) du CCD soient toujours inconnue(s), les résultats des travaux de recherche résumés dans ce rapport permettent d'émettre l'hypothèse que le CCD puisse être un syndrome causé par de multiples facteurs différents, qui agissent individuellement ou en combinaison. Selon Kevin Hackett, directeur du programme national de l'ARS pour la pollinisation et vice-président du Comité de Direction du CCD de l'USDA, il est probable que la séquence et la combinaison de ces facteurs ne soient pas les mêmes dans chaque cas. A l'avenir, les travaux de recherche vont davantage se concentrer sur les interactions de multiples facteurs causant le CCD.
Sources
- USDA Releases 2010 Honey Bee Colony Collapse Disorder Progress Report ; 17/12/2010 -
- Questions and Answers: Colony Collapse Disorder - ARS
Les abeilles sans lesquelles s'effondreraient nos ressources alimentaires, sont l'un des grands miracles de Mère Nature. Sait-on que le miel peut se conserver pour une durée allant jusqu'à... cinq cents ans! Et plus encore, dans l'absolu, puisque dans l'ancienne Égypte, il servait à l'embaumement des morts et à leur conservation. Ces insectes au corps minuscule, dont la durée de vie n'excède pas 45 jours, ont donc la capacité de fabriquer un produit moins périssable que tout ce que l'industrie agro-alimentaire humaine a pu inventer jusqu'à ce jour! Édifiant, n'est-ce pas? Je me souviens combien nous étions fascinés, enfants, lorsque l'institutrice nous racontait l'histoire des abeilles... Et encore ne nous parlait-on que du miel, et non de ces trésors médicinaux que sont la gelée royale, la propolis et le pollen... Maintenant que les "sciences de la vie et de la terre" ont remplacé dans les écoles notre bonne vieille "leçon de choses", souhaitons que l''on continue à sensibiliser les enfants à cette richesse et à ses bienfaits. La transmission de cette connaissance est aussi l'une de nos responsabilités de parents ou de citoyens. C'est une amie à moi, Anne, qui a inventé le mot "méliophile", parce qu'à ce jour, les dictionnaires ne répertorient aucun mot pour définir les gens qui,comme nous, aiment passionnément les abeilles. L'éducation au respect des richesses de la nature passe aussi par les mots, qui sont énergie, et en trouver un digne de porter le drapeau de la passion pour la sauvegarde de nos chères petites, n'est pas chose facile. Avec Anne donc, nous avons eu beau chercher partout, nous n'avons rien trouvé de convaincant: "abeillophile", déniché au hasard du Web, c'est facile, pas cher,et ça ne rapporte rien ni à la langue française, ni à la poésie qu'il y a dans le fait d'être amoureux de ces petits êtres si ardents au travail pour le bien de l'ingrate humanité qui non seulement ne rend pas aux abeilles une parcelle du bienfait qu'elles lui donne, mais encore a fini par réussir à se faire croire que les abeilles avaient besoin d'elle pour ne pas disparaître! Bienvenue au royaume des pompiers pyromanes, ce monde à l'envers où Homo Sapiens Sapiens est devenu fou au point de scier en toute quiétude la frêle branche sur laquelle il est assis? Pesticides, produits phyto-sanitaires sur les dangers desquels on manque cruellement de recul, monoculture, frelon asiatique qui aurait été amené en Europe par une négligence fatale), ondes électro-magnétiques émises par les téléphones cellulaires en surnombre, trafic aérien jusqu'à saturation motivé par la seule rentabilité immédiate au mépris de l'équilibre environnemental à moyen terme... Ce monde, donc, qui ne sait même pas comment appeler ceux qui aiment les abeilles pour de vrai! Donc, on la dit, "abeillophile", ce n'est pas beau et ça ne marchera pas. "Apicophile", pourquoi pas, mais mon amie et moi-même avons l'intuition que ce n'est pas encore la bonne formule. Alors, la nature ayant horreur du vide, Anne a décidé que le mot magique, il fallait l'inventer. Et comme sa grande fille se prénomme Melissa, et que le substantif latin Melis signifie "petite abeille" (désignant donc l'abeille ouvrière), tandis que le grec "Phileô" signifie "aimer, être amateur de, avoir de l'affection pour...", c'est donc par une hybridation tout à fait naturelle et courante en Français (pas comme celle des abeilles américaines), que le néologisme "méliophile" est sorti du néant! Eh bien, bonnes gens, désormais, un amoureux des abeilles, qu'il soit apiculteur ou seulement défenseur de leur cause, nous l'appellerons "méliophile", propageant ce mot de passe comme la plus douce des épidémies afin qu'il soit reconnu par les lexicographes de tous les points de la francophonie. Parmi les actions concrètes à mettre en œuvre pour contribuer à la sauvegarde de l'espèce Apis Melifera, nous avons fait le choix de ne pas nous limiter au militantisme en paroles, ayant décidé de participer financièrement au parrainage d'une ruche par le biais du site "Un Toit pour les Abeilles", (c'est aussi pour faireconnaître cette démarche que je propose aussi ce message à votre bienveillance). Eh oui, je persiste et signe: vive les abeilles, et vive les... méliophiles!
Rédigé par : Isabelle | 30 janvier 2011 à 18:19