Je tiens tout d’abord à dire que les inquiétudes des apiculteurs sont parfaitement légitimes. Mais attention à ne pas proposer des remèdes pires que le mal !
« Les premières victimes de ces incohérences sont les abeilles ! Nos abeilles !... »
Il convient de préciser que vous pensez à l’Abeille domestique (Apis mellifera), celle qui est élevée par les apiculteurs. C’est une espèce archéo- naturalisée, originaire du Moyen-Orient. N’oublions pas qu’il y a près d’un millier d’espèces d’abeilles sauvages indigènes en France, dont presque une cinquantaine d’espèces de bourdons. Excepté la plupart des espèces de bourdons et quelques espèces d’Halictes, nos abeilles sauvages sont solitaires. Il convient donc de bien distinguer les impacts du Frelon asiatique sur l’Abeille domestique, qui peut-être comparée à du bétail (cela n’a rien de péjoratif, d’ailleurs nombre d’apiculteurs emploient le terme « cheptel »), des impacts sur les espèces sauvages. Dans le cas de l’Abeille domestique, les prélèvements opérés par le Frelon asiatique sont souvent peu importants et parfaitement supportables par les essaims … en revanche, quand les ruches rencontrent déjà des problèmes, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Il faut donc bien avoir à l’esprit la dimension socio-économique du problème, qui vient souvent occulter l’aspect écologique.
« détruisons « le plus tôt possible » les femelles (reines) qui engendrent au printemps les générations de frelons…
La pose de piège artificiel dans nos quartiers, nos jardins devraient détecter et donc diminuer les impacts de la multiplication de ces fondatrices (bouteilles suspendue avec bière…)… »
Ce genre de solution s’apparente à proposer de flinguer tout Homo sapiens s’approchant d’une banque à partir du moment qu’on lui trouve un air louche ! Les pièges proposés ne sont pas sélectifs et ils tuent nombre d’autres insectes « innocents ». Le piégeage non sélectif ne peut se justifier qu’en cas d’attaque forte sur un rucher, et les pièges doivent être disposés au plus près du rucher.
Les actions de piégeage, qu’elles soient réalisées à des fins de limitation ou dans un objectif d’amélioration des connaissances sur la répartition de l’espèce, doivent être uniquement ciblées sur le Frelon asiatique.
Le Museum National d’Histoire Naturelle de Paris a travaillé sur des tests en 2009 et 2010 pour améliorer l’attractivité et la sélectivité des appâts utilisés dans les pièges. Je n’ai pas de nouvelles récentes mais il y avait une piste très prometteuse. Les résultats ne devraient pas tarder à paraître.
Serge Gadoum

Contacté par Le Post, le Vice-Président de la Fédération des apiculteurs de Rhône-Alpes confirme que ce genre de vols est fréquent : "Plusieurs adhérents du Syndicat l'Abeille Ardéchoise et Drômoise ont été victimes de vols de ruches, ces derniers mois. Cela va de quelques ruches pour certains à plusieurs dizaines pour d'autres."
Quelle motivation selon vous?
"La motivation des voleurs est de 'repeupler' leurs ruchers sans frais. Le vol de ruches s'est en effet intensifié avec la surmortalité des abeilles, victimes des pesticides, des insecticides, des sources d'eau polluées, d'une raréfaction de la nouriture avec les monocultures, etc. Du coup, le prix des essaims s'est envolé et l'achat d'un essaim nu coûte en moyenne 100€."
Quelles parades pour éviter ce genre de vols?
"Un procédé simple et peu coûteux permet de rendre le vol de ruches difficile. Les apiculteurs étant bricoleurs, il suffit de percer préalablement à l'installation les planchers des ruches de quatre trous, puis de les visser sur les madriers qui supportent l'ensemble des ruches (cela prend cinq minutes par ruche), au niveau de l'emplacement situé en lisière de forêt ou de prairie. Les voleurs souhaitant généralement opérer rapidement pour ne pas être surpris, ce système de fixation s'avère assez dissuasif."
Si vous êtes apiculteur et avez été victime de vols, n'hésitez pas à témoigner en commentaires...