On oppose souvent performance économique, dynamique d’entreprise, à la dynamique écologique et environnementale.
Comme si d’un côté il y avait les affreux capitalistes égoïstes, obsédés de technologie, au services du Mal qui saccagent la planète dans la recherche unique du profit et de l’autre, les baba cools écolos, qui planent à 10000, qui ne parlent que d’éthique, de responsabilité, d’avenir de l’humanité. Comme si l’une des dynamiques devait l’emporter sur l’autre dans un combat sans merci. Et c’est vrai que de chaque côté on entend souvent des discours extrêmes, moralisateurs et culpabilisateurs pour les uns (cf. certains militants écolos radicaux..), et d’arrière-garde pour les autres (cf. un certain GW. Bush ..)
Il se trouve que j’ai trouvé un endroit ou ces antagonismes apparaissent parfois totalement stériles, vides de sens, inutiles, inefficaces : la production industrielle. Quand vous allez sur une ligne de production et que vous parlez à des opérateurs, des responsables maintenance, méthodes qualité, vous constatez que tous les jours, en permanence ces personnes parlent à peu près le même langage. Certes il y a des tiraillements et des visions caricaturales entre les responsables environnement ("planqués dans leurs bureaux à faire du papier pour répondrent à des normes".. je cite) et les responsables de production ("qui eux au moins amènent du beurre dans les épinards..." je cite aussi). Mais au dela de ces querelles inévitables, il ya un mot sur lequel tout le monde tombe d’accord : "LA CHASSE AUX GASPILLAGES".
Gaspillage = vient de gaspilha, mot gaulois (et oui !) qui date de 1347, date à laquelle l’edit de Brunoy décrète qu’il faut cultiver les forêts de façon soutenable ! comme quoi Cocorico, le développement durable vient de France ! Là d’un seul coup je me sens fier d’être français et prêt à chanter la Marseillaise, sortir mon drapeau et pleurer en écoutant Moquet, Jaurès and co...
Depuis des années des entreprises bien connues font de la chasse au gaspi leur crédo,et sans le savoir elles impactent favorablement l’environnement . Ces entreprises chassent "les 7 gaspillages" bien connus dans toutes démarches "lean manufacturing", ou kaizen ou d’amélioration continue. Le terme de gaspillage ne doit pas être perçu comme totalement péjoratif, c’est simplement toutes les activités qui n’apportent pas directement de valeur à un produit...
1er gaspillage : la surproduction qui génère plus de consommation de matière, qui peut générer plus de déchets, plus d’émissions, plus de risque d’utilisation de produits dangereux
2ème gaspillage : les stocks = plus d’emballage, plus de déchets liés à la détérioration possible, plus d’energie liée au l’éclairage, le chauffage ou le refroidissement de la zone de stockage
3ème gaspillage : le transport = émissions de CO2, énergie, détérioration durant le transport, ..
4ème gaspillage : les mouvements = idem que le transport mais c’est pour transporter des pièces d’un endroit à un autre = plus d’espace pour stocker les en-cours, de l’énergie ..
5ème gaspillage : les défauts de non qualité = utilisation inutile de matière première pour produire des produits défectueux, recyclages nécessaires, espace nécessaire pour rework ou réparation
6ème gaspillage : temps d’arrêts machines (pour changement de série, temps improductifs, pannes etc ..) plus de matière première nécessaire, plus d’énergie, d’eau, de ressources consommées
7ème gaspillage : temps d’attentes (attentes de décision, contrôles et vérifications inutiles) = temps perdu pour les machines qui tournent à vide et qui consomment de l’énergie et de l’électricité ...
Alors, au lieu de se plaindre que "les-chinois-décidemment-polluent-beaucoup-et-que-ce-n’est vraiment-pas-juste-quelesoccidentaux aient des objectifs plus contraignants qu’eux en terme d’émissions de CO2",
Au lieu d’attendre que des technologies miraculeuses qui nous aideront (surement, dans 10 ans...) sans efforts à économiser de l’énergie et détruire par miracle les gaz à effets de serre qui sont déjà au dessus de nos têtes,
Au lieu d’invectiver en permanence les affreux capitalistes qui se battent pour créer des emplois et les entrepreneurs qui galèrent et se font traiter d’affreux patrons exploiteurs,
Au lieu de croire que l’environnement c’est mauvais pour l’économie et réciproquement, ne pourrait on pas essayer, PAR EXEMPLE, de regarder simplement la réalité telle que ces fameux 7 gaspillages dans une usine et chercher des solutions simples et concrètes sur le terrain qui répondent à la fois aux objectifs environnementaux et de performance ? Solutions, et bonnes pratiques qui existent et qui ont été mises en place localement dans de nombreux sites industriels mais qui sont insuffisamment partagées, déployées et communiquées ...
Bien sûr, mon raisonnement peut paraître simpliste et limité, mais je suis sûr que nous pouvons appliquer cette approche des 7 gaspillages à d’autres secteurs, d’autres domaines de la vie quotidienne, aux collectivités.