Un accord qui permettrait de préserver la couche d'ozone tout en luttant contre le réchauffement climatique "est à portée de main", lors d'une conférence internationale à Montréal, mais il dépendra d'un accommodement avec la Chine
Les représentants de 190 pays, dont quelque 70 ministres ou vice-ministres de l'Environnement, ont entamé à Montréal une réunion d'une semaine, au cours de laquelle ils espèrent parvenir à un accord sur une accélération du calendrier d'élimination de substances appauvrissant la couche d'ozone, les HCFC (hydrochlorofluorocarbures).
Ces substances utilisées dans la réfrigération ou la climatisation sont aussi un puissant gaz à effet de serre et leur élimination plus rapide que prévue aurait aussi un effet bénéfique dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Le programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) estime qu'accélérer de 10 ans l'élimination des HCFC permettrait de réduire de 3,5% les émissions de gaz à effet de serre de la planète.
Le protocole de Montréal, considéré comme l'accord multilatéral sur l'environnement le plus efficace à ce jour, prévoit l'élimination des HCFC en 2030 pour les pays développés, et en 2040 pour les pays en développement.
"Un accord est à portée de main", a déclaré Achim Steiner, directeur exécutif du PNUE, lors de la séance d'ouverture de la conférence, mais il a laissé entendre, comme d'autres responsables, qu'il faudrait s'entendre avec la Chine
Selon M. Steiner, il existe parmi les participants à la conférence un accord de principe sur l'accélération de l'élimination des HCFC, ainsi que des engagements sur la poursuite du financement multilatéral, qui atteint quelque 2 milliards de dollars.
En revanche, il reste à résoudre la question de l'impact financier d'une élimination accélérée des HCFC sur différents pays, en particulier la Chine.
" La Chine
Elle a estimé que l'accord dépendrait de cet aspect financier.
L'accélération de l'élimination des HCFC a été proposée par les Etats-Unis, a-t-elle rappelée. Elle est soutenue notamment par l'Union européenne et le Canada.
La conférence de Montréal célèbre le 20e anniversaire du Protocole de Montréal, un accord signé le 16 septembre 1987 qui a déjà réussi à éliminer une première génération de substances appauvrissant la couche d'ozone (SAO), les CFC (chlorofluorocarbures), et est unanimement salué comme un succès.
L'ozone, une molécule issue de l'oxygène, joue un rôle essentiel en filtrant les rayons ultra-violets B, responsables notamment des cancers de la peau.
"On estime que d'ici 2060, le protocole de Montréal aura permis d'éviter environ 20 millions de cancers de la peau dans le monde, plus de 330.000 décès et plus de 129 millions de cas de cataracte", a déclaré le ministre canadien de l'Environnement John M. Baird.
M. Steiner a appelé les pays participants à ne pas laisser échapper cette occasion "historique" de progresser simultanément dans la préservation de la couche d'ozone et dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Un succès à Montréal serait bienvenu pour démontrer la capacité de l'ONU à gérer ces dossiers, une semaine avant le sommet sur le réchauffement climatique qui doit avoir lieu à New York à l'initiative du secrétaire général, Ban Ki-Moon, a-t-il ajouté.