Les Etats-Unis et la Chine ne sont pas prêts à accepter d'objectifs contraignants en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) à la conférence des Nations unies sur le changement climatique à Bali. Mais Yvo de Boer ne semble pas s'inquiéter de la position des deux principaux pollueurs de la planète. Pour le patron de l'ONU sur le climat, l'heure n'est pas à l'élaboration d'un accord.
Le principal document de négociation à la conférence organisée du 3 au 14 décembre -obtenu samedi par l'Associated Press- mentionne des objectifs pour réduire les polluants rejetés dans l'atmosphère, mais de façon non contraignante.
Son préambule fait état de l'avis largement partagé que les émissions des pays industrialisés devraient être réduites de 25% à 40% d'ici 2020 par rapport aux niveaux de 1990, et passer en 2050 à 50% de ceux de 2000. S'il y a peu de chance que ces taux figurent dans le document final, a observé Yvo de Boer, ils devraient sans nul doute déclencher de nouveaux débats à la réunion de Bali, qui doit lancer des négociations d'une durée de deux ans pour un accord post-Kyoto.
Les délégués de près de 190 pays présents en Indonésie décideront entre autres des questions à inclure dans la "feuille de route de Bali", dont des références probables à l'importance d'aider les pays les plus vulnérables à s'adapter et à la nécessité de fournir aux Etats en développement le savoir-faire technique dont ils ont besoin pour réduire les émissions.
Le Protocole de Kyoto de 1997, rejeté par Washington, fixe à une trentaine de pays industrialisés signataires l'objectif d'une réduction de 5% en moyenne des émissions de GES par rapport aux niveaux de 1990 dans les cinq prochaines années.
Les Etats-Unis ont notamment refusé de le parapher car aucun objectif n'était fixé pour les pays au développement rapide comme la Chine. Les deux pays sont les principaux émetteurs de gaz à effet de serre, bien que les scientifiques ne s'accordent pas toujours sur celui figurant en tête de liste.
Le négociateur en chef américain présent à Bali a affirmé que Washington proposerait son propre plan de réduction des émissions de GES en 2008 et ne s'engagerait pas dans les jours à venir en faveur d'objectifs contraignants. "Nous ne sommes pas prêts à le faire ici", a souligné Harlan Watson.
Un processus parallèle de discussions sous la houlette des Etats-Unis a été lancé en septembre par George W. Bush, qui a invité à Washington 16 autres "grandes économies" dont la Chine et l'Inde pour s'entretenir d'un futur programme international de réduction des émissions de GES. D'après Harlan Watson, la décision définitive devrait être annoncée lors d'une réunion au milieu de l'an prochain. Les défenseurs de l'environnement accusent l'administration américaine d'user de ces pourparlers parallèles pour court-circuiter les négociations sous l'égide de l'ONU.
La Chine s'est aussi fermement opposée à des objectifs contraignants, invoquant notamment la responsabilité des Occidentaux dans le réchauffement climatique depuis plusieurs siècles. L'Union européenne, de son côté, s'est engagée à réduire de 20% ses émissions en 2020. A Bali, nombre de pays réclament de semblables engagements de la part de Washington.