Le maïs transgénique Mon 810 a le pollen plus voyageur que prévu et peut polliniser des champs sans OGM, selon la Haute autorité.
La Haute Autorité sur les OGM a émis des « doutes sérieux » sur le maïs Mon 810. Y avait-il des faits nouveaux ? Explications.
Le Comité de préfiguration de la Haute Autorité (1) a, en moins d'un mois, rassemblé, analysé et discuté une quinzaine d'études scientifiques nouvelles consacrées au maïs Monsanto, le Mon 810, le seul cultivé en France et en Europe.
Une question lui était posée : y a-t-il des éléments scientifiques nouveaux, inconnus il y a dix ans lors de l'autorisation accordée à ce maïs qui produit son propre insecticide ? La réponse est oui. Ce maïs transgénique a le pollen plus voyageur que prévu. Et ses effets ne touchent pas seulement la pyrale, une chenille, son principal ennemi.
Cependant, dans un courrier diffusé hier soir, une majorité des scientifiques de la Haute Autorité se disent indignés par le terme « doutes sérieux » inscrit dans l'avis définitif par le président, Jean-François Le Grand. Ils avaient des « interrogations » mais n'ont jamais qualifié ces nouveaux faits de « négatifs », disent-ils.
Jusqu'où cet OGM peut-il se propager ? Quand il a été autorisé, en 1998, les experts estimaient que son pollen ne pouvait se propager qu'à quelques mètres. Des études récentes, menées notamment par Antoine Messéan, chercheur à l'Inra, publiées en 2007, révèlent que le pollen, emporté par les vents, et toujours actif, peut parcourir de grandes distances. On ne parle plus de mètres mais de kilomètres. En altitude, le pollen rencontre de meil-leures conditions de survie qu'au sol (température, humidité), expliquent les chercheurs. Conclusion de la Haute autorité : il peut y avoir « pollinisation croisée entre champs d'OGM et champs sans OGM, à l'échelle d'une petite région agricole ».
Un OGM toxique pour d'autres espèces ? De nouvelles études confirment des effets toxiques « avérés à long terme » sur des espèces animales que ce maïs est censé épargner. Il cible la pyrale, mais il atteint également les monarques (un papillon), les lombrics (vers de terre) et toute une petite faune des sols jusqu'aux bactéries. La toxine de l'OGM a également été retrouvée dans les milieux aquatiques. Elle reste active dans l'eau pendant 20 à 40 jours selon une étude réalisée en 2007. Des analyses complémentaires sont souhaitées.
Des effets sur la santé humaine ? La Haute Autorité n'a eu ni le temps ni les moyens de trancher ce débat qui divise la communauté scientifique. Cet OGM est depuis de nombreuses années testé sur des rats de laboratoire. On le leur fait ingurgiter pendant 90 jours. Ces tests, dit-elle, sont insuffisants. « Des études menées sur du long terme et sur d'autres espèces que le rat sont nécessaires. »
Bernard LE SOLLEU.
(1) En attendant le vote d'une loi sur les OGM et l'instauration de la Haute autorité, il comprend 35 membres, dont des scientifiques, des écologistes, des syndicalistes agricoles, des semenciers, mais également un représentant des associations de consommateurs, un juriste, un économiste...