L'Allemagne stoppe l'essor des biocarburants. Outre-Rhin, plus de trois millions de véhicules seraient incompatibles avec le nouveau mélange comprenant 10 % d'éthanol, fabriqué notamment à partir de blé. Le ministre de l'Environnement a annoncé l'abandon de l'augmentation de la part de l'éthanol dans l'essence. L'Autriche pourrait faire de même. Le gouvernement allemand vient de renoncer à l'une des mesures phares de sa politique énergétique. Il s'agissait de remplacer l'essence classique par un mélange contenant 10% d'Ethanol, le E10. Ce carburant aurait donc du être présent dans toutes les stations-service allemandes en 2009 mais Simon Gabriel, le ministre de l'environnement allemand, a été contraint d'abandonner cette mesure | |
Championne européenne des biocarburants, l'Allemagne fait machine arrière. Un développement rapide du biocarburant n'est plus à l'ordre du jour outre-Rhin. Afin d'épargner des dépenses supplémentaires aux consommateurs, le ministre de l'Environnement, Sigmar Gabriel (SPD), a annoncé hier, purement et simplement, l'abandon d'une mesure visant à faire passer la part d'éthanol dans l'essence classique de 5 à 10 % en 2009.
Plus de trois millions de vieux véhicules seraient incompatibles avec le nouveau mélange comprenant 10 % d'éthanol et intitulé E-10, les obligeant à consommer du Super-Plus. Ce sans-plomb n'est pas soumis au seuil des 10 % et coûte plus cher.
Le passage à l'E-10 en 2009 ne devait être mis en place que si le nombre de voitures inadaptées ne dépassait pas le million, a tenu à préciser Sigmar Gabriel pour justifier sa décision. Or, la fédération allemande des importateurs de voitures (VDIK) affirme que plus de trois millions de véhicules en provenance de l'étranger ne supportent pas ce biocarburant. À l'inverse, « plus de 98 % des quelque 21 millions de véhicules de production allemande dotés d'un moteur à essence peuvent faire le plein avec le E-10 », a déclaré le président de la fédération allemande de l'industrie automobile (VDA), Matthias Wissmann.
Malgré cette marche arrière, l'Allemagne n'a pas l'intention d'abandonner ses objectifs en matière d'environnement. D'ici à 2020, le pays s'est engagé à réduire ses émissions de CO² de 40 %.
Effort d'innovation
Le manque à gagner provoqué par l'abandon de l'E-10 sera compensé par d'autres moyens. La part des énergies propres dans la production d'électricité devra passer à 30 % d'ici à 2020, contre 27,5 % prévus initialement, a annoncé Sigmar Gabriel. Quant à l'objectif européen de faire passer la part des biocarburants à 10 % d'ici à 2020, il sera lui aussi respecté, a assuré le ministre. La consommation de carburants comprenant 5 % d'éthanol (E-5) et 7 % de biodiesel (B-7) y contribuera.
Les constructeurs automobiles seront aussi amenés à fournir un effort d'innovation non négligeable. À compter de 2012, les émissions de CO 2 des nouveaux véhicules seront limitées à 120 grammes par kilomètre.
Cette mobilisation contre la hausse de l'éthanol dans l'essence dépasse la seule en Allemagne. Jeudi dernier, le voisin autrichien était sur le pied de guerre. Un front allant des pro-automobile aux « Verts » souhaite que le gouvernement reconsidère le passage à l'E-10 d'ici à 2010. Les automobiles clubs ont fait leur calcul et estiment que 400 000 véhicules sont inadaptés.
Quant aux Verts, ils jugent peu oppoprtun de consacrer plus de surfaces agricoles pour les biocarburants alors que les prix alimentaires flambent.
Le carburant E10 présente comme principal avantage de produire moins de C02 que l'essence ordinaire lors de son utilisation. Cependant, le mélange s'avère plus corrosif pour les moteurs que l'essence classique. Les propriétaires de véhicules anciens, pour éviter d'éventuels problèmes de moteurs, auraient été obligés de se rabattre sur le "Super Plus", plus cher. Dans leurs premières prévisions, les autorités allemandes prévoyaient qu'un million de véhicules seraient incompatibles avec le nouveau carburant. Mais au final, c'est en réalité 3,3 millions de véhicules qui ne sont pas aptes à fonctionner correctement avec le E10. L'Allemagne s'était donné comme objectif d'obtenir une diminution de ses émissions de CO2 de 40% entre le niveau de 1990 et celui de 2020. Il s'agit d'un objectif pour le moins ambitieux étant donné que l'Union Européenne n'impose qu'une diminution de 20% sur la même période. Pour atteindre cet objectif, l'une des principales mesures était le remplacement du Super par ce nouveau carburant E10. |