George Bush a dévoilé jeudi sa propre stratégie à long terme de lutte contre le réchauffement climatique, avec notamment la définition d'un objectif mondial d'émissions de gaz à effet de serre.
Si le Premier ministre britannique Tony Blair s'est réjoui de voir les Etats-Unis manifester pour la première fois leur intention de participer à un accord mondial sur le climat, les organisations de défense de l'environnement et les experts ont dénoncé l'absence de limitation précise des émissions polluantes et une volonté de sabotage des efforts du G8.
La chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays accueillera le prochain sommet du G8 du 6 au 8 juin, s'est bornée à remarquer que le discours de Bush prouvait l'importance de la question du changement climatique.
Parmi les aspects de sa stratégie, le président américain souhaite organiser des réunions avec les principaux pollueurs de la planète, notamment la Chine et l'Inde. La première réunion de ce type aurait lieu cet automne aux Etats-Unis afin de parvenir, à terme, à un consensus sur un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050.
La Chine et l'Inde ne sont tenues par aucun engagement du protocole de Kyoto, qui a fixé des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour les pays industriels signataires. La liberté accordée à la Chine et à l'Inde avait incité Bush à refuser de ratifier le protocole de Kyoto.
PROMOTION DES TECHNOLOGIES "VERTES"
La stratégie du président américain passe également par une suppression, dans un délai de six mois, des barrières douanières sur les technologies "vertes", favorables à l'environnement.
"Les Etats-Unis prennent cette question au sérieux", a déclaré George Bush.
Le réchauffement climatique devrait être l'un des principaux thèmes abordés lors du sommet du G8 à Heiligendamm.
Durant les discussions préparatoires de ce sommet, Washington a refusé toute définition d'objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, pourtant réclamée par les autres participants.
Les Etats-Unis souhaitent parvenir à un consensus mondial sur la question, mais pas avant fin 2008, a prévenu Dana Perino, porte-parole de la Maison blanche.
Elle a ajouté que l'administration américaine était déterminée dans son rejet de l'approche européenne, consistant à lutter contre le réchauffement climatique par des limitations des émissions de dioxyde de carbone, sur le modèle de Kyoto.
"Nous ne sommes pas favorables à un commerce mondial du carbone", a-t-elle dit.
Blair a jugé que ce discours de Bush offrait pour la première fois "l'opportunité de parvenir à un accord mondial digne de ce nom".
"Sans l'Amérique et la Chine, franchement, le reste du monde peut se mettre d'accord sur ce qu'il veut, cela n'aura aucune conséquence sur l'amélioration de l'environnement", a-t-il ajouté.
"ABSOLUMENT AUCUN SENS"
Merkel a pour sa part déclaré: "Ce qui est positif, c'est que nous constatons à partir du discours prononcé aujourd'hui par le président américain que personne ne peut plus ignorer la question du changement climatique."
Du côté des experts et des ONG, le ton est encore moins enthousiaste.
"La bonne nouvelle, c'est que pour la première fois l'administration Bush a manifesté un intérêt à participer à une discussion mondiale sur un deuxième engagement au-delà de 2012 (à expiration du protocole de Kyoto)", a réagi le professeur Rob Stavins, directeur du programme d'économie environnementale à Harvard.
"La mauvaise nouvelle, c'est que la Maison blanche rejette un processus international de limitations et de commerce. Il me semble que cela devrait au moins figurer sur la table des négociations", a-t-il ajouté.
Pour Charlie Kronick, expert des questions climatiques au sein de Greenpeace, la stratégie de George Bush n'a "absolument aucun sens": "La seule manière d'avoir prise sur les émissions de dioxyde de carbone, c'est de les limiter et d'autoriser leur commerce au niveau mondial. Bush rejette cela, donc il y a des contradictions fondamentales dans ses déclarations."
Kit Vaughan, conseiller climatique auprès de la WWF, ajoute que "la rhétorique employée montre clairement qu'en se prononçant ainsi juste avant le sommet du G8, on tente vraiment de le saborder".