Déchets toxiques, terrains militaires contaminés, eaux polluées... au-delà du seul héritage de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, l'Ukraine et ses voisins, la Moldavie et le Belarus, affrontent une situation écologique grave, selon un rapport de l'OSCE publié cette semaine à Prague.
En Ukraine, environ 2,5 millions de tonnes d'armes, munitions et déchets militaires légués par l'époque soviétique sont en déshérence, dont quatre sites d'enfouissement de résidus radioactifs, selon le rapport intitulé "Environnement et sécurité: transformer le risque en coopération".
Entre 5 et 10% des dépôts et décharges du domaine militaire ukrainien "exigent des réparations majeures", selon le rapport qui rappelle la série d'explosions accidentelles survenues entre 2004 et août 2006 dans l'arsenal de Novobohdanivka (sud).
En Belarus, "le problème environnemental le plus grave concerne la liquidation des armements et munitions, y compris des matériaux toxiques ou radioactifs" hérités de l'URSS, selon le rapport.
Dans ce pays, les sites militaires occupaient à l'époque soviétique 300.000 hectares, dont 200.000 de forêts. Depuis, "plusieurs terrains ont perdu leur usage militaire, laissant aux autorités locales le défi de dépolluer" des sols souillés de pétrole ou des zones soumises à fortes radiations électromagnétiques.
La Moldavie doit elle aussi régler son héritage militaire, qui comprend environ 20.000 t d'armes et de munitions stockées à la gare de Cobasna, en Transdniestrie. L'explosion de ces stocks intransportables provoquerait "un désastre écologique et humain", selon le rapport.
Du côté des déchets industriels, la situation n'est guère plus brillante.
Les experts ont répertorié 8.000 t de pesticides périmés en Belarus et quelque 20.000 t en Ukraine, dont 11.000 d'hexachlorobenzene (HCB) et 2.000 de DDT, "dangereux à long terme pour l'environnement et la santé".
En Ukraine, la plupart des 6.000 sites de stockage, "généralement des locaux inadéquats, mal surveillés et dont l'état se dégrade", n'ont pas de registre.
En plus d'un million de tonnes de déchets industriels, la Moldavie doit gérer 8.000 t de résidus toxiques, souvent des stocks illégaux et sauvages qui contribuent à la pollution du sol et de l'eau, selon l'OSCE.
En Belarus, quelque 778 M de t de déchets miniers dans la région de Soligorsk (nord de la Polésie) provoquent une salinisation du sol sur plus 15 km2 et une centaine de mètres de profondeur, avec des risques de contaminations pour la rivière Pripyat.
La qualité de l'eau est d'une manière générale problématique dans les trois pays, selon le rapport: en Ukraine, environ 39% des eaux usées sont polluées par les industries lourdes et un quart "pas traitées du tout". Et en Moldavie, plus de la moitié des réserves souterraines sont polluées "au-delà de toutes les normes" acceptables, qui sont souvent dépassées en surface avec des eaux affectées par l'ammoniac, les nitrates, les phénols ou les produits pétroliers.
Avec la disparition de l'URSS, "certains dégâts environnementaux ont diminué mais d'autres ont empiré" du fait de la dérégulation, du laxisme des contrôles et de l'exploitation accrue des réserves naturelles, note le rapport.
Récemment, le durcissent des réglementations dans les nouveaux Etats membres de l'Union européenne a provoqué un essor du trafic de déchets en provenance de Slovaquie et de Hongrie.
Le but du rapport est "d'aider les pays concernés à identifier les points les plus dangereux et de développer la prise de conscience", a déclaré à l'AFP Bernard Soy, en charge des questions environnementales à l'OSCE qui recommande notamment de développer la coopération.
Car "les générations futures ne nous pardonnerons pas si nous sacrifions l'environnement au court terme politique", note le rapport en conclusion.