Des militants de Greenpeace perchés depuis trois jours sur une grue du chantier du réacteur nucléaire EPR en Finlande exigent que soient rendus publics les défauts de construction constatés ces deux dernières années par les autorités, a indiqué mercredi l'organisation.
Greenpeace demande à la compagnie d'électricité finlandaise TVO, propriétaire du futur EPR, et au groupe nucléaire français Areva qui construit le réacteur avec l'allemand Siemens, de publier la liste des «1.500 problèmes de qualité» relevés depuis le début du chantier en 2005 par l'Autorité de sûreté nucléaire finlandaise.
Ils demandent par ailleurs qu'Areva, Siemens et TVO remboursent les aides consenties par les États français et allemand.
«Si ces demandes sont satisfaites, nous descendrons (...). Nous avons des vivres suffisants pour rester encore plusieurs jours», a expliqué à l'AFP Lauri Myllyvirta, joint au téléphone sur la grue qu'il a escaladée lundi à l'aube avec trois autres militants.
La direction de TVO a rencontré des représentants de Greenpeace mais «ils ne sont pas parvenus à trouver un terrain d'entente», a dit à l'AFP Anneli Nikula, porte-parole de la compagnie qui conteste par ailleurs avoir reçu des aides publiques.
Areva a reçu de la Coface une couverture de 570 millions d'euros pour laquelle Greenpeace a saisi la Commission européenne. Bruxelles a ouvert une enquête approfondie dont les conclusions ne sont pas connues à cette date.
La Coface est un établissement qui garantit pour le compte de l'État français les exportations des industriels français.
Le chantier de l'EPR finlandais connaît depuis 2005 d'importants problèmes, décelés tant au niveau du contrôle-qualité du béton, que du contrôle de certaines tuyauteries, sans compter une tempête, qui a endommagé la tôle de la paroi métallique du réacteur à l'automne dernier. «60%» des 1500 problèmes relevés «ont été résolus», selon Anneli Nikula.
Situé à Olkiluoto, sur la côte sud-ouest de la Finlande où se trouvent deux autres réacteurs, l'EPR devrait être mis en service au tournant 2010-2011, avec près de deux ans de retard. Le coût final est évalué par Greenpeace à quatre milliards d'euros, soit un milliard de plus que l'enveloppe de départ.
Pour des raisons de sécurité, la police locale a exclu de tenter de déloger les activistes mais ils seront arrêtés à leur descente. Ils encourent une lourde amende pour trouble de l'ordre public.
«Nous n'avons pas froid, nous sommes bien équipés», a assuré Lauri Myllyvirta, qu'une vidéo sur le site Internet de Greenpeace montre, coiffé d'un casque de chantier, juché à 70 mètres de hauteur en surplomb du coeur du réacteur.
Le Commissaire européen à l'Energie Andris Piebalgs est attendu sur place vendredi.