Honda qui fait de sa formule 1 un support de sensibilisation au changement climatique, la Fédération Internationale de l'Automobile (FIA) qui incite à la construction de voitures de compétition "plus propres", les 24 heures des voitures écologiques annoncés au Mans en 2009… bref, le sport automobile semble vouloir passer au vert. Greenwashing ou changement de direction ? De l'effet d'annonce à la mise en avant de la mobilité durable : le point sur une course qui a déjà commencé.
A priori tout sépare le monde du sport automobile des questions environnementales. Les « casseurs de pubs » qui organisent une campagne pour la suppression du grand prix de France n'hésite pas à rappeler que les compétitions de sport automobile sont inutiles et polluantes. Pourtant, avec l'opération "Myearthdream", l'écurie Honda a décidé de faire de sa voiture le support d'une sensibilisation au changement climatique. En effet, plutôt que d'afficher les habituels sponsors, la marque japonaise propose à chacun d'acheter un pixel d’illustration où apparaitra le nom de l'acheteur. Cette somme de pixels formera l'image de la terre et recouvrira entièrement le véhicule. Chaque acheteur s'engage ainsi à améliorer ses comportements et fait un don à une association environnementale. Pariant sur les 150 millions de spectateurs qui assistent, toutes les deux semaines, aux grands prix de Formule 1, Honda espère ainsi sensibiliser le plus grand nombre. L’entreprise a d’ailleurs été suivis par ses anciens sponsors comme Seiko qui continuent à collaborer avec l'équipe de F1 tout comme Universal Music, IBM et d'autres. Selon Honda, si seulement 1 % des téléspectateurs de F1 éteignaient leur ordinateur tous les soirs, cela représenterait une économie de 45 000 tonnes de CO2, soit plus de trois fois et demi les émissions annuelles de dioxyde de carbone de toute l’écurie Honda Racing F1 Team, estimées à 10 000 tonnes. Saisissant cette opportunité de communication et profitant de l'image de vitrine technologique dont a toujours bénéficié le sport automobile auprès des passionnés, la FIA entend, elle aussi, contribuer à la prise de conscience des enjeux environnementaux en incitant les écuries à développer des véhicules plus respectueux de l'environnement. L'objectif est d'utiliser les budgets des écuries F1 pour faire progresser rapidement des recherches qui, sans la contrainte de la compétition, nécessiteraient plusieurs années aux constructeurs automobiles. Ainsi, il est question d'optimiser le rendement énergétique en fonction du carburant mis à disposition et, d'ici 2011, de mettre en place des systèmes de récupération de l'énergie produite lors du freinage (SREC pour Système de Récupération de l'Energie Cinétique). En introduisant de nouvelles obligations pour les grands prix auto, la FIA incite fortement les écuries à améliorer leurs véhicules. Toutes les équipes ne semblent pas adhérer à la démarche, si l'on en croit Flavio Briatore, patron de l'écurie F1 de Renault qui aurait déclaré, dans le journal allemand Auto Motor und Sport : "Au niveau du développement ça va nous coûter des millions de dollars mais ça n’apportera rien au spectacle." Pour Teddy Follenfant, journaliste et conseiller en développement durable, "il est clair que dans dix ans, les écuries de F1 ne pourront plus courir dans les conditions actuelles." A la tête de l'association pour la promotion des véhicules, il organise les "24h des voitures écologiques au Mans 2009." Pour annoncer l'événement, une conférence de presse aura lieu, le 16 juin 2007, lors de la mythique course. Dans 2 ans, il s'agira non seulement de courses mais aussi d'un évènement sur trois jours à propos de la mobilité durable. "C'est un évènement pour les familles, une manière de dire: en 2009, les voitures écologiques sont là, elles existent et on peut les acheter," explique Teddy Follenfant. Les courses organisées en relais de deux heures en fonction des catégories de véhicules : hybride, électrique, biocarburant, gaz naturel, devraient notamment accueillir des pilotes de renom. |