"Les Chinois se sont fixé des objectifs très ambitieux. Ils m'ont assuré, du plus haut de leur leadership, qu'ils étaient déterminés à les atteindre", déclarait, le 21 mai, au terme d'une visite officielle en Chine, la ministre des affaires étrangères britanniques, Margaret Beckett.
Habitué, désormais, à voir figurer le dossier de l'environnement en bonne place lors de visites de responsables étrangers, Pékin sait donner le change lorsque passent les donneurs de leçon occidentaux. Ainsi, les dégâts provoqués par le réchauffement climatique en Chine, l'état critique des réserves en eau ou l'impact de la pollution sur la santé ont désormais une place de choix dans la presse chinoise.
GESTICULATIONS
Le gouvernement a amélioré les prérogatives de la SEPA, l'agence de protection de l'environnement, en matière de supervision des normes de pollution, et, pour éviter les blocages inhérents à l'administration chinoise, le premier ministre a pris la tête, depuis avril, d'un groupe de travail spécial sur les questions de l'environnement. Le marché de l'équipement propre et de l'énergie renouvelable connaît une forte croissance, autre signe que la bonne parole environnementale n'est pas sans effets concrets.
Signataire du protocole de Kyoto, la Chine n'est pas, en tant que pays en voie développement, astreinte aux conditions imposées aux pays riches en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Désireuse de s'en tenir à un calcul d'intensité énergétique de sa croissance, elle a donc inscrit ses propres objectifs antipollution au XIe plan quinquennal, en promettant de réduire de 20 % sa consommation d'énergie par unité de PIB d'ici à 2010, et de 10 % les émissions de substances polluantes.
Dès la première année, la Chine a failli à ses engagements puisque la consommation d'énergie par unité de PIB n'a diminué que de 1,2 %, en 2006, contre les 4 % prévus et que les émissions polluantes se sont accrues de 2 %. Un plan national contre le réchauffement climatique, toujours à l'étude, devrait spécifier de nouveaux objectifs à atteindre à plus long terme pour les émissions de CO2, essentielles en Chine où 70 % de la production d'électricité provient de centrales thermiques au charbon.
A bien des égards, les difficultés de la Chine à influer sur des paramètres-clés du réchauffement climatique reflètent les gesticulations du gouvernement pour juguler la surchauffe économique (11,1 % de croissance au premier trimestre 2007).
L'incapacité du gouvernement central à contraindre le développement des provinces, la boulimie énergétique imposée par l'expansion continue de la machine à exporter chinoise (quelque 800 gigawatts de capacités production énergétique seront installées d'ici à 2008, soit la capacité actuelle des 27 pays de l'Union Européenne, selon l'AIE) semblent incompatibles avec toute maîtrise "macroéconomique" de la pollution - une fuite en avant nourrie par la crainte de déstabilisation sociale en cas de ralentissement.
Pour le reste de la planète, les conséquences sont loin d'être insignifiantes. "Si la Chine ne joue pas un rôle significatif, les efforts des autres pays ne vont pas compter pour grand-chose", dénonçait, il y a peu, Fatih Birol, l'économiste en chef de l'Agence internationale pour l'énergie.