Alors que le Conseil européen des ministres des pêches se réunit à Bruxelles lundi et mardi prochains, Greenpeace demande au gouvernement français de cesser de faire obstruction à l'adoption du plan de sauvetage du thon rouge en Méditerranée décidé à Dubrovnik en novembre 2006. Dans son communiqué, l'association écologiste s'explique.
« La nouvelle ministre de la pêche doit engager la France sur la voie de la sauvegarde du thon rouge de Méditerranée en cessant de faire obstruction à tout plan de restauration » déclare Stephan Beaucher, de Greenpeace France.
Près de 180 bateaux, dont 20 français, sont depuis début mai en train d'écumer les eaux libyennes à la recherche des derniers thons rouges. En dehors de tout cadre légal et de tout contrôle, dans une zone qui concentre 60% des ressources et qui constitue la dernière zone de reproduction de l'espèce, un tel effort de pêche condamne à très court terme le stock méditerranéen.
Pourtant, à Dubrovnik en novembre 2006, la commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (ICCAT) s'était accordée sur un plan de sauvetage prévoyant la réduction du volume total des prises, l'augmentation du poids minimal, l'interdiction des avions de repérage et la fermeture de la pêche au 30 juin. « Très loin d'être à la hauteur des enjeux et des demandes des scientifiques, les mesures prises à Dubrovnik n'en constituaient pas moins un premier pas, et ce d'autant plus qu'une clause de réévaluation annuelle est prévue. On dispose ainsi d'un potentiel outil de gestion de la pêcherie » explique Stéphan Beaucher.
Toutefois, pour être applicable aux flottes européennes, disposant de plus de 50% des quotas, en avril, à l'ouverture de la saison de pêche, ce plan devait être entériné par la Commission. Or, par deux fois, lors des conseils des ministres d'avril et de mai, la France et l'Italie, les principaux pays pêcheurs, ont systématiquement fait obstruction à l'adoption de ce plan. Qu'en sera t-il les 11 et 12 juin prochains ?
Entériner Dubrovnik
En mer, les bateaux européens opèrent actuellement sans cadre réglementaire. « Ni quotas, ni taille limite, ni date de fermeture ! Face à ce flou inquiétant, qui a déjà ouvert la porte à tous les abus, il n'y a plus de place pour la tergiversation et les basses manœuvres de quelques lobbies d'armateurs et d'engraisseurs : il faut agir de toute urgence et commencer par entériner Dubrovnik ! » précise Stéphan Beaucher.
Pour Greenpeace, la France, acteur majeur de la pêche en Europe, doit prendre ses responsabilités et cesser de paralyser la volonté de reprise en main exprimée l'Union européenne. La nouvelle Ministre des pêches, Mme Lagarde, a par ailleurs l'occasion d'émettre un signal fort à l'heure où s'ouvre le débat sur l'exploitation durable des ressources et sur la place que doit prendre la contrainte environnementale dans la décision publique.