Depuis six mois producteurs et collectivités sont censés avoir mis en place la collecte sélective des déchets informatiques. Dans les faits, c’est loin d'être assuré. Le meilleur moyen reste de rendre son vieux PC contre l’achat d’un nouveau.
Quel est l'état d'avancement du recyclage des déchets informatiques en France, en cette Journée mondiale de l'Environnement?
«Le bilan est mitigé, il reste encore beaucoup de chemin à faire», explique Bertrand Bohain, délégué du Cercle national du recyclage (CNR). Cet organisme représente les regroupements de collectivités locales pour la gestion des déchets.
Il pointe du doigt la lenteur de l'organisme chargé de coordonner les quatre sociétés de recyclage (éco-organismes), gérées par les constructeurs, et avec lesquelles les collectivités doivent travailler. Il s'agit de l'OCAD3E, agréé par le gouvernement depuis septembre 2006. «Cet organisme est une coquille vide qui n'est pas assez efficace», lance Bertrand Bohain.
Il estime qu'un peu plus de 300 collectivités ont déjà signé un contrat pour mettre en place la collecte sélective. Mais elles sont encore peu nombreuse à l'avoir déjà concrétisée sur le terrain comme c'est le cas à Paris, Grenoble, Dijon, Lille, Strasbourg ou Fontainebleau.
Objectif : 4 kg
Petit rappel du dispositif. Depuis le 15 novembre 2006, producteurs et collectivités locales doivent mettre en place, ensemble, la collecte sélective des déchets électroniques et informatiques. Les PC et autres écrans d'ordinateurs ne peuvent donc plus finir à la poubelle, en théorie.
Il y existe deux manières de procéder: ramener son équipement obsolète chez un distributeur - les Auchan, Darty ou Fnac -, qui pratique le principe de reprise dit «un pour un». Il reprend la machine à recycler en échange d'une machine achetée.
Autre solution, plus contraignante, se rendre dans une déchetterie qui doit dispose de beines appropriées et distinctes pour les écrans, et pour les unités centrales et accessoires.
L'objectif est de collecter sélectivement 4 kg 14 kg
Le dispositif est intégralement financé par les constructeurs, comme l'ont validé les parlementaires français en 2005 - en application d'une directive européenne sur le recyclage des DEEE.
Les collectivités mécontentes
Les critiques sont identiques du côté de l'association de collectivités Amorce (2). «Le bilan est très mitigé et préoccupant pour les collectivités. Les éco-organismes sont trop lents à réagir», estime Nicolas Garnier, son délégué général. Par ailleurs, il déplore que les collectivités ayant réussi à mettre en place un dispositif, n'aient pas été encore dédommagées financièrement.
Or c'est normalement prévu puisque que le dispositif doit être intégralement financé par les constructeurs. «Prenez le syndicat intercommunal de Haguenau en Alsace. Il a été le premier à mettre en place le dispositif et n'a pas encore touché un euro.»
Contacté par ZDNet.fr, personne n'était joignable à l'OCAD3E.
Eco-Systèmes, le plus gros éco-organisme indique pour sa part avoir déjà traité 30.000 tonnes de DEEE depuis le début de l'initiative. Il s'agit surtout de gros équipements électroménagers; aucun chiffre précis concernant les déchets informatiques n'est encore disponible. «La filière du recyclage a démarré très vite chez les vendeurs, qui représentent la quasi-totalité des volumes traités. En revanche il est vrai que côté collectivités, les choses se mettent en place progressivement», confirme l'entreprise.
L'UFC Que Choisir dubitatif sur la reprise côté vendeur
De l'avis de tous, le recyclage est donc plus avancé du côté des distributeurs. Mais cela ne signifie pas pour autant qu'il soit suffisant, comme le souligne l'association UFC-Que Choisir. Elle a mené fin 2006 une étude auprès de 1.303 magasins. Résultat: la moitié ne respectait pas la loi et ne proposait pas la reprise des vieux équipements. «Un véritable scandale! Pas de doute, la reprise de l'appareil usagé contre l'achat d'un neuf n'est pas passée dans les moeurs commerciales», écrivait alors le journal de l'association.
La situation a-t-elle évolué? Pas certain. «Nous allons bientôt mettre à jour notre étude. Mais nous avions constaté fin 2006 un tel état d'imprépration que la situation risque de s'être peu améliorée», estime François Carlier, directeur adjoint des études. Il précise notamment que les vendeurs n'étaient absolument pas au courant des obligations de recyclage.
«Nous avons constaté que les magasins spécialisés tels que Darty ou la Fnac
Contacté par ZDNet.fr, le nouveau ministère de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement durable n'a pas répondu à nos appels. Il propose une page sur son site où sont résumées toutes les démarches à suivre par les différents acteurs concernés.
(1) Déchets d'équipements électriques et électroniques - prononcez D3E.
(2) Amorce est l'association de collectivités et de professionnels pour les déchets, l'énergie et les réseaux de chaleur.
Par Christophe Guillemin
ZDNet France
5 juin 2007