Un groupe d'experts russes propose une solution pour le moins originale destinée à lutter contre le réchauffement climatique. Il s'agirait de répandre diverses combinaisons de soufre dans l'atmosphère, afin de réfléchir le rayonnement solaire, une des causes du réchauffement de la planète.
Cet épandage atmosphérique pourrait s'effectuer au moyen d'avions, et l'académicien estime qu'un million de tonnes de soufre ainsi répandues pourrait réduire l'impact du rayonnement solaire de 0,5 à 1 %, et la température de 1 à 1,5°C. Mais il ajoute qu'une telle méthode ne constituerait qu'une mesure d'urgence et que son utilisation ne pourrait avoir lieu sans une décision au niveau international.
"Je ne veux en aucune manière contredire le Protocole de Kyoto mais à côté des méthodes existantes, des méthodes moins chères devraient être élaborées. Je suis favorable au travail sur plusieurs méthodes à la fois", exprime Iouri Israël, qui insiste qu'outre le fait que cette méthode est la moins onéreuse de toutes celles envisagées jusqu'ici, il s'agit aussi de la seule qui permette d'agir dans l'urgence avec une quasi-garantie d'effets immédiats, et de plus, elle est susceptible d'être stoppée à tout instant.
Mais cette solution risque de provoquer bien des réactions, et une levée de boucliers de la part des scientifiques. En effet, le dioxyde de soufre (SO2 ou anhydride sulfureux), un gaz incolore mais toxique et corrosif, provoque une altération de la fonction pulmonaire chez les enfants et une exacerbation des symptômes respiratoires aigus chez l'adulte (toux, gêne respiratoire…). Les personnes asthmatiques y sont particulièrement sensibles. Mais même à faible concentration, il est aussi une des principales causes (avec le dioxyde d'azote) des pluies acides susceptibles de détruire des écosystèmes fragiles. Ce dioxyde de soufre est produit naturellement par les volcans, mais surtout aujourd'hui par l'utilisation de combustibles fossiles contenant du soufre, notamment la houille de mauvaise qualité et le pétrole.
Cette "climatisation" de la planète, contrairement aux allégations de Iouri Israël, n'est pas une idée nouvelle mais avait déjà été évoquée comme solution d'urgence par d'autres scientifiques, notamment américains, avant d'être jugée trop incertaine au vu des conséquences difficiles à évaluer. Il reste à espérer que l'inertie des décideurs politiques, bien plus enclins à préserver les lois de l'économie de marché que celles régissant le climat de la Terre, ne contraigne un jour l'humanité à appliquer dans une extrême urgence de telles mesures, la question des conséquences sur l'écosystème passant soudain au second plan.