Sous sa carrosserie en fibre de verre, la MiniC.A.T. cache un moteur à air comprimé, pour une pollution zéro et un coût de fonctionnement négligeable.
09/04/2007 - 15h50 - © BusinessWeek
Cela fait bien longtemps que d’éminents ingénieurs s’ingénient à mettre sur la route une voiture à air comprimé, convaincus qu’ils sont de la viabilité de ce mode de propulsion "zéro pollution". Aujourd’hui, il semblerait que le premier véhicule à air comprimé soit sur le point d’être construit : depuis l’annonce d’un récent accord conclu avec Tata, le plus grand constructeur automobile indien, les perspectives de production en série paraissent de plus en plus crédibles.
La MiniC.A.T est une citadine simple, légère, dotée d’un châssis tubulaire collé, et non soudé, surmonté d’une carrosserie en fibre de verre. Le c?ur de son système embarqué est un ordinateur de bord, offrant bien plus d’informations que la simple vitesse du véhicule, et conçu pour communiquer avec à peu près tous les systèmes imaginables, de la reconnaissance vocale à la connectivité Internet au téléphone GSM et au système de navigation GPS, en passant par les systèmes de gestion de parc, d’urgence, et bien sûr toutes les formes de loisirs numériques. Le moteur lui-même est fascinant, comme le sont le système électrique révolutionnaire du véhicule, qui comporte un unique câble, et son procédé de commande sans fil. Chaque élément est équipé d’un microcontrôleur, et c’est un minuscule émetteur radio qui adresse les instructions aux phares, aux clignotants, etc.
Il n’y a pas de clef de contact, juste une carte d’accès reconnue à distance, même depuis une poche de pantalon.
Et surtout, voilà un véhicule incroyablement économe : selon ses créateurs, il revient à moins d’un euro aux 100 km (soit un dixième du coût d’un véhicule à essence). Son autonomie est environ le double de celle de la voiture électrique la plus perfectionnée (200 à 300 kilomètres, ou dix heures de route), ce qui en fait la solution parfaite en ville, où 80% des trajets se font à moins de 60km/h. La voiture atteint une vitesse de pointe de 110 km/h.
Pour faire le plein, il suffira à terme de se rendre dans une station-service équipée pour recharger de l’air comprimé. En deux ou trois minutes, et pour environ 1,5 euro, la voiture sera prête à reprendre la route pour 200 à 300 kilomètres.
La voiture comporte également un petit compresseur embarqué, qu’il suffit de brancher sur le secteur (220V ou 380V) pour recharger les réserves en 3 ou 4 heures.
Grâce à l’absence totale de combustion, et donc de résidus, la vidange (un litre d’huile végétale) n’est nécessaire qu’au bout de 50 000 kilomètres.
La température de l’air propre rejeté par le pot d’échappement est comprise entre 0 et 15 degrés en dessous de zéro, ce qui le rend approprié à l’usage du dispositif de climatisation interne sans le besoin de carburant ou de perte de puissance.
Comment ça marche ?
90 m3 d’air comprimé sont stockés dans des réservoirs en matériau composite. L’expansion de cet air actionne les pistons et met le moteur en mouvement. La température extérieure sert à réchauffer le moteur et à augmenter l’autonomie sur route. Le système de climatisation utilise l’air froid rejeté.
Pour l’instant, quatre modèles ont été réalisés : une voiture, un taxi (cinq passagers), un pick-up et une fourgonnette. Le premier prix devrait tourner autour de 8100 euros.
La société
"Moteur Development International" (MDI), société de droit luxembourgeois, est installé dans la région niçoise et dispose de bureaux à Barcelone. MDI travaille depuis plus de dix au développement de son Air Car ; ses technologies sont protégées par plus de trente brevets internationaux. MDI recherche activement des accords de licence : selon la société, cinquante partenariats ont déjà été conclus sur des usines en Europe, en Amérique et en Asie.
L’usine
Il est prévu une production de 3000 véhicules par an, sur un site employant 70 personnes en une seule équipe de huit heures. En passant aux trois-huit, ce chiffre pourrait grimper à 9000.
L’accord Tata
Tata Motors est le premier constructeur automobile indien, avec un chiffre d’affaires de 5,5 milliards de dollars pour l’exercice 2005-2006. Plus de 4 millions de ses véhicules circulent sur routes indiennes ; Tata est leader sur le marché des utilitaires et numéro deux des voitures particulières. C’est également le cinquième constructeur mondial de camions et poids lourds, et le deuxième pour les autocars.
Tata a signé un accord concernant l’application exclusive en Inde de la technologie MDI, et semble persuadé de sa viabilité – son communiqué de presse la décrit comme "efficace, économique, modulable, et applicable à d’autres domaines, comme la production d’électricité".
L’accord prévoit une contribution de Tata Motors au développement et au perfectionnement de la technologie MDI, ainsi que sa mise en ?uvre sous licence en Inde.
MDI est une PME familiale installée à Carros, près de Nice. Guy et Cyril Nègre et leurs équipes y développent leur technologie de motorisation, et les véhicules perfectionnés qu’elle fait rouler.