Le gouvernement fédéral nigérian a porté plainte lundi contre Pfizer, premier groupe pharmaceutique mondial, qui est accusé d’avoir effectué des essais non autorisés d’un nouveau médicament contre la méningite, le Trovan Floxacin aussi désigné par trovafloxacine, qui aurait provoqué le décès de onze enfants dans l’Etat de Kano.
Pfizer a rejeté ces accusations et affirme que le médicament a permis de sauver des vies. Les premières audiences du procès auront lieu le 26 juin prochain à la Cour suprême fédérale. Cette affaire avait été révélée, il y a sept ans, par le Washington Post.
Dans la plainte déposée auprès de la Cour suprême fédérale, les autorités affirment que Pfizer a mené une expérience illégale sur 200 enfants qui, outre les onze décès, aurait également provoqué des dommages cérébraux, paralysies et troubles de la parole. Des familles de plusieurs de ces enfants avaient porté plainte, en 2000, auprès d’un tribunal de l’Etat de Kano et devant un tribunal de New York. Cette dernière plainte a été rejetée en 2001, mais les plaignants ont décidé de faire appel. En mai dernier, l’Etat de Kano, qui est le plus grand de la Fédération nigériane, avait lui-même porté plainte contre Pfizer, réclamant 2,75 milliards de dollars de réparations pour avoir «secrètement utilisé des enfants comme cobayes».
Pfizer rejette les accusations
Les laboratoires Pfizer démentent cette série d’accusations, affirmant notamment que le décès des onze enfants dans l’Etat de Kano n’était pas lié à l’administration de Trovan, qui est un antibiotique. Le groupe pharmaceutique américain affirme que «la trovafloxacine a permis de sauver des vies» et que les autorités de l’Etat nigérian étaient au courant du test du médicament. Pfizer souligne que la trovafloxacine était, à l’époque, en dernière phase de son développement clinique et des «éléments scientifiques suggéraient un rapport bénéfice/risque favorable dans le traitement de la méningite à méningocoque». Pour le géant pharmaceutique américain il s’agit d’un mauvais procèes.
Yannick Pletan
Vice-président médical de Pfizer France
«Deux cent d'entre eux ont accepté, ou leurs parents pour eux, de participer à cet essai.»
Cette affaire a été révélée, il y a sept ans, dans une série d’articles publiés par le quotidien américain Washington Post. Joe Stevens, auteur de l’enquête, maintient ses affirmations, malgré les démentis de Pfizer.
Joe Stephens
Journaliste du Washington-Post
«Il n'y a aucune preuve écrite selon laquelle les parents des enfants savaient qu'ils participaient à un essai clinique et avaient donné leur autorisation.»