Energies renouvelables, traitement des déchets, gestion de l’eau... les valeurs vertes ont le vent en poupe en Bourse. Mais, dans certains secteurs, on frôle l’exubérance. Jean-François Descaves, président de la Financière de Champlain, qui gère notamment le fonds Performance Environnement (au 14 juin, 11,26 % depuis le début de l’année et + 162 % depuis sa création en août 2004), fait le tri des valeurs de ce marché porteur. (Voir les fonds Champlain Opportunité et Champlain Découvertes.)
Jean-François Descaves
Capital.fr : Les valorisations des sociétés liées à l’énergie renouvelable rappellent celles des valeurs Internet en 2000. Une bulle s’est-elle formée ?
Jean-François Descaves : Je ne parlerai pas de bulle, car il existe encore des entreprises affichant des valorisations raisonnables, mais il est vrai que de nombreuses entreprises me paraissent aujourd’hui trop risquées. Je pense notamment à Velcan energy (MLVEL-OTC) ou encore à Theolia (TEO), dont les perspectives sont a priori séduisantes, mais qui n’ont toujours pas dégagé le moindre bénéfice. Autre exemple de valeur à éviter pour le moment : EDF Energies Nouvelles (EEN), dont la valorisation me paraît difficilement tenable. En France, seule Sechilienne, qui jouit d’une excellente visibilité et souhaite se développer dans l’énergie solaire, trouve grâce à mes yeux dans une optique de moyen terme. Et dans ce secteur, je préfère investir dans d’autres pays, comme l’Allemagne, ou l’Espagne, car l’industrie y est plus mature, ce qui se ressent dans les performances financières des entreprises. Nous restons, par exemple, positifs sur l’Allemand Solar Millenium, qui réalise des projets pour l’installation de parcs solaires.
Capital.fr : Le retraitement des déchets fait moins rêver les investisseurs. A juste titre ?
Jean-François Descaves : Au contraire, ce secteur représente une belle opportunité d’investissement : son potentiel de croissance est tout aussi important que dans l’énergie renouvelable et les valorisations sont plus attrayantes. Les pays ont pris conscience de l’obligation de mener des politiques actives en matière de retraitement de l’eau et du recyclage de déchets, sous peine de polluer les nappes phréatiques, et d’augmenter encore la consommation, donc les prix des matières premières. Les sociétés se paient en moyenne entre 15 et 25 fois les bénéfices attendus en 2007, ce qui n’est certes pas bradé, mais se justifie par la forte croissance des bénéfices.
Capital.fr : Quelles y sont vos valeurs préférées?
Jean-François Descaves : Le récent repli d’Auréa, qui construit à coup de rachat d’entreprises un véritable pôle de retraitement des déchets industriels, peut être l’occasion de se positionner. Nous restons également confiants sur Pizzorno Environnement, dont nous détenons plus de 5 % du capital. La société a pris un peu de retard sur son plan de développement, ce qui explique son piètre parcours boursier, mais ce spécialiste de la gestion des déchets ménagers et industriels continue d’offrir de belles perspectives. Enfin, étant donné sa valorisation actuelle, Séché Environnement peut encore être mis en portefeuille, mais uniquement dans une optique de long terme.
Propos recueillis par Olivier Prévost