Les agriculteurs bretons ont réagi sans attendre à la décision de la Commission de Bruxelles de saisir la Courde justice européenne au sujet de la pollution par les nitrates.
Avec tracteurs et camions, ils ont mené une opération escargot dans les Côtes dArmor.
Ce mercredi, la Commission
européenne a donc saisi la Cour
de justice européenne pour lui demander d'infliger à la France
une amende de plus de 28 millions d'euros, assortie d'astreintes journalières de 117.882 euros, en raison de la pollution par les nitrates de sources d'eau potable en Bretagne. La facture à régler par le contribuable français pourrait atteindre 100 millions d'euros.Cela fait 20 ans que la France
est en infraction dans cette affaire. Elle aurait dû se plier depuis 1987 à une directive européenne datant de 1975, qui limite le taux de nitrates à 50 mg/l dans les eaux de surface.
En 2001, la Cour
de justice européenne avait déjà jugé que la France
ne respectait pas cette loi. Elle avait alors conclu que 37 rivières en Bretagne avaient des concentrations excédant 50 mg/l.. En mars 2007, le gouvernement français avait donc proposé un plan d'action supplémentaire. La Commission
de Bruxelles avait alors accordé un ultime délai de trois mois, en brandissant la menace de saisir la justice européenne.
C'est ce délai qui est arrivé à échéance. La France
a concrétisé "un certain nombre" de mesures de son "plan d'action complémentaire annoncé il y a trois mois", reconnaît l'exécutif européen dans un communiqué. "Néanmoins, seul un nombre très faible d'exploitants ont souscrit aux mesures agro-environnementales volontaires essentielles à la mise en oeuvre du plan Ce plan n'a pas été à ce jour complètement engagé". D'où la décision de Bruxelles de poursuivre la France
devant la Cour
de justice européenne.
Les agriculteurs bretons n'avaient pas attendu cette décision de la Commission
pour se mobiliser. Dès hier, ils étaient sur les routes avec tracteurs et remorques. Partis de l'Aber Wrac'h, dans le Finistère, ils avaient fait étape à Guingamp. Cet après-midi, ils ont conduit une opération escargot dans les Côtes d'Armor, entre Guingamp et Saint-Brieuc, à l'initiative de la FDSEA
et des Jeunes Agriculteurs. Partis en convoi de Guingamp, à 14 h 40, tracteurs et remorques, camions de coopératives agricoles et voitures ont emprunté des routes départementales puis ont rejoint la RN
12 (sens Brest-Rennes) au niveau de Trémuson vers 17 h, pour se diriger vers Saint-Brieuc pour un meeting ce soir à 20 h. Les agriculteurs bretons estiment qu'ils ont déjà fait un gros travail en faveur de l'environnement et trouvent injuste les poursuites de Bruxelles.
"De 37 bassins versants bretons en contentieux, on est tombé à 9 et seuls 4 nous posent problème", explique le président de la chambre d'Agriculture du Finistère, Jacques Jaouen, qui ajoute : "Ce qui me choque le plus, c'est la non-reconnaissance du travail effectué. Si on empêche les gens de produire, ils partiront. On va vider les territoires".
Pour Jean-François Piquot, président de l'association Eau et Rivières de Bretagne, qui se bat pour la qualité des eaux bretonnes, il faut profiter de "ce coup de semonce très fort pour prendre les mesures qu'on aurait du prendre depuis 15 ans".
"Le principal problème posé en Bretagne est la concentration incroyable de cheptels, qui ne tient compte ni de l'agronomie, ni des conséquences environnementales d'une telle concentration".