En prônant son droit au développement, la Chine détruit les espoirs de plan pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
D’après le Globe and Mail, la Chine
a assommé la campagne pour une limite obligatoire sur les gaz à effet de serre, qui ne faisait que s’amplifier ces derniers jours, insistant sur le fait qu’il serait « injuste et inacceptable » d’imposer des limites sur ses émissions de dioxyde de carbone (CO2) qui ne cessent d’augmenter.
Deux jours avant le sommet du G8, pendant lequel le réchauffement climatique sera un sujet central de débat, la Chine
a attaqué ainsi férocement l’idée de fixer des objectifs pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Ma Kai, le chef de la délégation, a lancé l’offensive en dévoilant le premier plan national de la Chine
sur le réchauffement climatique, un document qui ne contient pas de limites ou d’objectifs contraignants sur les émissions de gaz à effet de serre.
La production de la Chine
de dioxyde de carbone – principalement due à sa grande dépendance au charbon, l’une des sources d’énergie les plus polluantes- a augmenté si rapidement que le pays remplacera cette année ou l’an prochain les Etats-Unis à la place de pays le plus pollueur au monde. Pourtant, le pays a refusé d’accepter toute limitation sur ses émissions, que ce soit pour l’accord de Kyoto de 1997 ou pour des accords futurs.
D’après M. Ma qui dirige la Commission Nationale
pour le Développement et la Réforme
, la principale agence en charge de planification économique et de politique sur le changement climatique, les pays en développement, parmi lesquels on trouve la Chine
ou l’Inde, ont un « droit au développement » qui ne doit pas être éclipsé par un projet trop ambitieux sur le réchauffement climatique.
M. Ma a déclaré à une conférence de presse à Pékin mercredi, “Utiliser le réchauffement climatique comme une excuse pour demander aux pays en développement de s’engager dans des réductions quantifiées d’émissions de gaz à effet de serre, et de leur demander de le faire si rapidement, si abruptement, et si crûment… c’est entraver le développement des pays en voie de développement et zapper leurs efforts pour réaliser l’industrialisation et la modernisation »
M. Ma a ainsi consacré la plupart du temps de sa conférence de presse a attaquer fermement les experts en environnement qui voulaient que la Chine
se fixe une limite sur les émissions en dioxyde de carbone.
Il a souligné l’énorme population de la Chine-
plus de 1.3 milliars d’individus- pour faire comprendre que les émissions étaient relativement basses quand on se basait sur un pourcentage par tête. Il a aussi argumenté en disant que les pays importateurs devraient prendre une partie de la responsabilité pour la pollution causée par les industries chinoises. Et il a suggéré qu’on prenne en compte le fait que la Chine
a une politique d’enfant unique qui a empêché la naissance de 300 millions d’individus qui auraient contribué au réchauffement climatique.
Dans son projet de 62 pages, la Chine
propose de se servir de plusieurs objectifs non contraignants pour améliorer l’ »intensité énergétique » - le volume d’énergie consommée par unité de PIB (Produit Intérieur Brut). La Chine
croit que l’efficience énergétique est la clé pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Cependant la Chine
a échoué à remplir certaines de ses promesses précédentes concernant l’utilisation de l’énergie. Après avoir promis de réduire son intensité énergétique de 4% l’an passé, elle n’a réussi une réduction que de 1.2%.
D’après Yang Ailun, une chercheuse au service de Greenpeace en Chine, malgré ces déceptions, le nouveau projet sur le réchauffement climatique est un « pas très positif ». « Cela montre que la Chine
est consciente que le réchauffement climatique est un problème et qu’elle a la responsabilité de s’y attaquer ». D’après elle, le principal problème est l’échec de la Chine
à remplir ses objectifs, surtout à cause des gouvernements régionaux et locaux qui ignorent les ordres de Pékin. « Le gouvernement de la Chine
a de bons projets mais leur application est très faible. C’est un casse-tête pour Pékin.»