Le développement durable devrait avancer à grands pas. Une petite entreprise de Romans fabrique une collection de chaussures environnementales, du talon jusqu'à l'empeigne.
Boots chocolat décorés d’une tresse de cuir, ou bien ballerines soulignées d’un bijou en corne. Les chaussures Moyi Ekolo vont pour la première fois chercher des diffuseurs aux salons Première classe et Midec, porte de Versailles à Paris, début février. Elles auront un petit truc en plus que les autres. Car ces ballerines-là sont aussi « citoyennes » : d’ailleurs la traduction de Moyi en lingala, une des langues de la République du Congo. Et, vous l’avez deviné, elles sont écolo. Annabel Gérenthon, leur créatrice, a travaillé comme styliste, à Romans-sur-Isère, pour les grands noms du luxe, Charles Jourdan ou Robert Clergerie. Ces entreprises rachetées, Annabel se retrouve désœuvrée, comme les ouvriers de la région. Elle crée donc sa propre marque, à contre-courant du processus de délocalisation et de perte de qualité du secteur. « Or, la meilleure solution pour faire de la qualité aujourd’hui, constate Julien Adda, associé d’Annabel, c’est de produire écolo, avec des matières exclusivement naturelles. » Faible impact écologique Le cuir est tanné par une entreprise roannaise, avec des écorces de bois. Il est teinté avec des pigments végétaux. Les semelles sont moulées en Isère avec du caoutchouc naturel d’Indonésie ou du Brésil. Même la colle pour l’assemblage est sans solvant. Et pas question de faire fabriquer ailleurs qu’à Romans-sur-Isère, par une petite unité de cinq personnes qui a remonté une affaire après les délocalisations. Une production locale qui permet en prime de minimiser le trajet des chaussures et donc leur impact écologique.« Nous voulions montrer que la mondialisation n’est pas qu’une menace, souligne Julien, par ailleurs professionnel de l’économie solidaire. Nous avons aussi recours au savoir-faire artisanal de pays du Sud, avec les principes du commerce équitable. » Les ornements des chaussures, bijoux en corne de bovidé et broderies sont façonnés à Madagascar, le tricot en laine de mouton vient du Kenya. Et une filière de production est mise en place auprès de femmes défavorisées en Namibie pour créer des tongs en pneu recyclé et cuir. Avec de telles exigences, les chaussures Moyi Ekolo atteignent forcément des tarifs haut de gamme : comptez plus de 150 eurosla paire. C’est le prix d’une démarche impeccable, dans tous les sens du terme. |