Nouvelle donne climatique en Russie

Dans un village du Grand Nord russe, les icebergs ont laissé la place à la baignade

Nouvelle donne climatique en Russie : c'est l'été dans un village d'éleveurs de rennes et les habitants se baignent dans la rivière. Les icebergs ont disparu, victimes du réchauffement climatique. Entre espoirs et inquiétudes, le réchauffement de la planète fait naitre de nouveaux horizons pour les habitants du Grand Nord russe.

"Nous sommes habitués à voir de la glace toute l'année sur la surface de la rivière. Mais le processus de réchauffement climatique prend de la vitesse" explique, inquiet, Arkady Makhouchkine, responsable d'un élevage de rennes à Kantchalan, dans la région de Tchoukotka (Extrême-Orient russe). Dans les régions côtières, les Tchoukthes, l'ethnie qui a donné son nom à la région, voient les baleines migrer vers le nord pour trouver des eaux plus froides, relève Edouard Zdor, secrétaire de l'Association des chasseurs traditionnels de mammifères marins de Tchoukotka. Les changements climatiques qui sévissent en Russie ont également des conséquences sur le rapport entre l'homme et l'animal. Ainsi, les couches de glace (habitat naturel des ours polaires) reculent en été jusqu'à 1.000 km au nord de la Tchoukotka, poussant les animaux à sortir de leur tanière et à rechercher de la nourriture dans les villages. Anatoli Kotchnev, chercheur du ministère de l'Agriculture rappelle à ce titre que ces cinq dernières années, deux personnes ont été tuées et une autre mutilée dans la région, du fait d'ours affamés. Le réchauffement climatique : une aubaine pour certains La fonte des glaces pourrait par exemple permettre l'ouverture d'une voie maritime dans le Grand Nord qui relierait l'Atlantique au Pacifique via l'Arctique et permettrait ainsi de réduire de milliers de kilomètres le trajet entre l'Europe et l'Asie. En mai, le président Vladimir Poutine a appelé à s'intéresser de près à cette route qui à l'heure actuelle n'est naviguable qu'une partie de l'année mais pourrait servir d'autoroute maritime. Parallèlement, le député russe Arthur Tchilingarov, très friand de grandes expéditions, dirige des recherches sur les fonds des mers arctiques. Ces travaux pourraient contribuer à la découverte de nouveaux gisements d'hydrocarbures. "Seule la Russie peut le faire [...]. Nous avons nos propres brise-glaces. A l'époque soviétique, nous avions un système (de transport dans le Grand Nord). Il faut le restaurer" dit-il en référence aux perspectives de navigation permanente pour la route du Grand Nord.