Plusieurs substances pharmaceutiques se retrouvent dans les cours d'eau, malgré un passage en station d'épuration, alerte la revue "Prescrire".
Avec pour conséquence des effets sur la santé des poissons... et des hommes.On retrouve aujourd'hui de trop nombreuses substances pharmaceutiques dans les eaux de surface et souterraines", alerte la revue Prescrire dans son numéro de juin. Elle s'appuie sur des analyses effectuées par des biologistes dans plusieurs cours d'eau français : la Seine, la Gironde, la Loire et l'Adour. "Après avoir été consommées, les substances pharmaceutiques sont éliminées principalement par voie fécale ou urinaire, parfois sous forme active, explique la revue. Elles rejoignent les eaux de surface et les eaux souterraines, via le plus souvent les stations d'épuration, mais celles-ci ne permettent pas d'éliminer tous les médicaments. Par ailleurs, les médicaments non utilisés peuvent polluer les eaux de surface et souterraines s'ils ne sont pas incinérés." C'est ainsi que "des concentrations très faibles de nombreuses substances pharmaceutiques sont retrouvées à la sortie des stations d'épuration des eaux usées, dans les eaux de surface et souterraines, et dans certains échantillons d'eau de boisson". Paracétamol en tête Conséquence : "cette pollution répétée peut induire des effets biologiques sur certaines espèces aquatiques", pointe Prescrire. Interrogé par Le Parisien, le docteur Claude Danglot, médecin du travail et ancien hydrologue à la Ville de Paris, évoque "la féminisation des poissons mâles". "Les effets sur les humains sont inconnus", ajoute la revue. Le docteur Danglot est plus affirmatif : les antibiotiques "étant de plus en plus présents dans la nature, ils deviennent de moins en moins efficaces sur l'homme". "La molécule que l'on retrouve le plus souvent et en plus forte concentration [dans les cours d'eau français, NDLR], c'est le paracétamol", affirme au Parisien Hélène Budzinski, chercheuse au CNRS spécialisée sur cette question. "Viennent ensuite toutes les autres molécules les plus consommées par le Français comme l'ibuprofène, les anti-inflammatoires, les antidépresseurs ou encore la pilule", poursuit-elle. L'Académie de pharmacie devrait rendre "d'éventuelles recommandations d'ici à la fin de l'année", annonce le quotidien. Parmi les pistes évoquées : améliorer les stations d'épuration et, comme le propose Hélène Budzinski, "consommer moins de médicaments inutiles". Un message qui risque d'être difficilement entendu par les Français, connus pour être de grands consommateurs de médicaments. |
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