Claude Lagorse repose en face de chez lui, au cimetière de Girac. Il y a été enterré hier. Dimanche, cet éleveur de porcs du Lot s’est suicidé en se pendant dans un petit bois longeant son champ de maïs.
C’est là qu’il a choisi de révéler son secret, en déposant un tract anti-OGM et un épi de mais : il cultivait - légalement - des pieds transgéniques. Au grand dam des faucheurs et de la Confédération paysanne, qui devait organiser le jour même un pique-nique anti-OGM sur sa parcelle. Son frère Jean-Noël en est sûr, il le confie avant la cérémonie : «C’était quelqu’un de sensible, c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.»
Près du village, on parle de mystère. L’homme semblait «un modèle de vie équilibrée», aux yeux du patron d’un bar de Bretenoux, le village voisin . «Un homme enjoué et assez charismatique», dit une voisine, les larmes aux yeux, lors de la marche silencieuse organisée entre l’église et le champ de l’agriculteur. «Un bosseur», témoigne le gérant d’une boîte de nuit. «C’était un perfectionniste, il faisait des filtrages d’airs pour empêcher les mauvaises odeurs», ajoute un collègue, membre de la FNSEA, qui l’a vu pour la dernière fois il y a un mois. «Il n’avait aucun problème d’argent», assure-t-il, mais «c’était un homme pudique.» Il n’aurait «pas supporté la pression» exercée par les anti-OGM, croit-il savoir .
Des graffitis sont apparus, hier, sur la Nationale à 100 mètres de chez Claude Lagorce : «Confédération paysanne assassins, attaquez-vous aux multinationales», y lisait-on avant que tout ne soit recouvert, «par souci de préserver l’ordre public», selon la gendarmerie. Au total, 40 gendarmes surveillaient les obsèques, auxquelles 600 personnes ont assisté.
La famille assure n’en vouloir à personne. Et devant la foule amassée en bordure du champ de Claude Lagorse, le frère parle du «combat» de l’agriculteur. Il espère que son «message sera porté aux plus hautes autorités». Les syndicats agricoles, comme la FNSEA, qui avaient envoyé leurs plus hauts représentants, n’ont pas non plus manqué l’occasion de faire passer leur message.