François Fillon était venu écouter du jazz mercredi soir à Marciac, à titre privé. Le député socialiste Philippe Martin, président du Conseil général du Gers, en a profité pour lui faire entendre sa voix et lui remettre une lettre. Objectif : lui demander de décréter un moratoire sur les organismes génétiquement modifiés (OGM).
"Je n'avais pas envie de perturber son désir d'écouter un concert de jazz" dans le cadre du Festival de Jazz de Marciac "mais en même temps, il s'agit du Premier ministre", explique à LCI.fr le député. Plutôt que de mobiliser les opposants aux OGM, il lui a donc "solennellement" remis une lettre et François Fillon lui a accordé une rapide entrevue.
"Je lui ai dit qu'il me paraissait inconcevable, du point de vue de la crédibilité du gouvernement, de permettre cet été la mise en culture d'OGM, dont les effets seront irréversibles, alors que le Grenelle de l'Environnement [qui se tiendra au mois d'octobre, NDLR] rendra des conclusions sur cette question en novembre prochain", déclare Philippe Martin. A la "grande surprise" du député, le chef du gouvernement a été sensible à ce "problème de concordance des temps".
"Urgence" et "bon sens"
"Je lui ai dit que je me tenais à sa disposition et à celle de ses ministres, Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet", poursuit l'élu socialiste. Il rappelle d'ailleurs que la Secrétaire d'Etat à l'Ecologie "était hostile aux OGM quand elle était parlementaire". Philippe Martin, qui est chargé du développement durable au sein du "cabinet fantôme" institué par le parti socialiste, précise qu'il n'est "pas opposé à la recherche sur les OGM en milieu confiné". Or, les cultures d'OGM plein champ risquent de contaminer les cultures d'agriculteurs opposés aux OGM, pointe-t-il.
"Je combats pour ce droit à choisir, que met en cause la contamination, affirme-t-il. C'est un problème d'agriculture, de santé et de démocratie aussi." Philippe Martin précise que "les gens ne savent pas où sont les parcelles OGM", le gouvernement indiquant leur localisation "au niveau du canton mais pas de la commune". "Alors que la mission parlementaire sur les OGM, à laquelle j'ai pris part, prônait la transparence, la parcimonie et la précaution, nous sommes aujourd'hui dans l'opacité, la dissémination et le risque", regrette-t-il.
"Si le gouvernement veut être crédible, il doit prendre une décision de bon sens", répète-t-il. Une décision qui doit intervenir rapidement, selon le député : "Nous sommes dans la période où la mise en culture et la floraison vont se faire. Il y a donc urgence".