L'écrivain et ancien médecin humanitaire Jean-Christophe Rufin, dont le journal officiel a annoncé vendredi la nomination comme ambassadeur auprès du Sénégal, espère bien mener de front son nouveau métier et son activité d'écrivain.
"J'ai réussi à écrire quand j'étais médecin, j'ai réussi à écrire quand je dirigeais une organisation humanitaire, je pense que je réussirai à écrire quand je serai ambassadeur" a-t-il déclaré à l'AFP.
"J'ai toujours nourri mes livres d'une expérience, et j'ai toujours rendu compte de mon expérience dans mes livres. J'aime bien cette espèce de ligne de crète. Là ce sera un peu la même chose", a-t-il souligné.
"Ce qui est sûr, c'est que je n'ai pas envie d'être un diplomate dilettante. J'ai vraiment envie de m'investir. Je ne prends pas cela comme une villégiature Je vais m'impliquer vraiment à fond", a-t-il assuré.
Il a estimé que sa nomination marquait une "ouverture à la société civile (...) une ouverture de l'administration sur les intellectuels", en souhaitant, au delà de son cas, que d'autres décisions de ce type puissent être prises.
"Mitterrand l'a fait avec Eric Rouleau (journaliste et écrivain, nommé ambassadeur en Tunisie en 1985, ndlr), avec François-Régis Bastide (écrivain nommé ambassadeur au Danemark en 1981), Gilles Martinet (journaliste nommé ambassadeur à Rome en 1981)", a-t-il rappelé.
Et "les diplomates reçoivent très bien ces nominations", a-t-il estimé. "Quand il s'agit d'ouvrir pour donner la possibilité d'enrichir la fonction diplomatique, ils sont très partants", a-t-il précisé.
Ancien responsable de Médecins sans Frontières (MSF), puis président d'Action contre la faim (ACF) pendant trois ans et jusqu'en juillet 2006, M. Rufin, 55 ans, avait confirmé en juin à l'AFP la probabilité de sa nomination, qui a été proposée par le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner, fondateur de MSF.
Auteur d'une douzaine d'ouvrages, dont "le Parfum d'Adam" paru cet hiver, Prix Goncourt 2001 pour "Rouge Brésil", l'écrivain avait déjà fait un détour par les sphères gouvernementales lors de son passage au cabinet du ministre de la Défense François Léotard comme conseiller diplomatique, entre 1993 et 1995.
Dans un entretien accordé en mars dernier à l'AFP, Jean-Christophe Rufin estimait qu'une des priorités du prochain président devait être "une nécessaire réforme en profondeur de la politique française en matière de coopération et de développement, qui est complètement en panne en ce moment et n'existe plus".
"La politique de coopération s'est dissoute dans une politique étrangère qui n'en tient pas compte", estimait-il alors.
Jean-Christophe Rufin succède au poste d'ambassadeur à Dakar à André Parant, appelé à d'autres fonctions.