Les hommes sont responsables du changement climatique et il est urgent de ralentir les dégâts commis par des phénomènes qui dureront plusieurs siècles, déclare un projet de rapport du Giec (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) dévoilé ce mercredi.
Pessimiste. C'est le sentiment que donne un document de 21 pages sur le réchauffement climatique, résumant un dossier de 3.000 pages dressé par 2.500 chercheurs, et publiée par l'agence Reuters. Le document commence par rappeler "des faits" scientifiques désormais irréfutables : hausse des températures, fonte des neiges et hausse du niveau des mers sont la preuve de la réalité du changement climatique. Ces changements affectent de nombreux écosystèmes. L'essentiel de la hausse des températures est lié aux émissions de gaz à effet de serre, conséquence de l'activité humaine.
Le document est très alarmant sur l'avenir. Le Giec prévient : une hausse des gaz à effet de serre à un niveau équivalent ou supérieur au niveau actuel causerait un réchauffement encore plus accentué et aurait des effets au XXIe siècle plus marqués que ceux observés au XXe siècle. Les estimations les plus précises sur le niveau du réchauffement tablent sur un intervalle allant de +1,8°C à +4 °Celsius pour le XXIe siècle.
Quant à la montée du niveau des mers, même si les émissions se stabilisent, il se poursuivra durant des siècles du fait du décalage dans le temps entre la cause et les effets au niveau océanique. Et il est très peu probable qu'on assiste à des changements majeurs liés à la modification des courants marins ou à la fonte des banquises au cours du XXIe siècle. La chaleur des eaux proches de la surface continuera à se diffuser aux couches profondes, qui se dilateront à mesure que leur température augmentera : ce seul phénomène pourrait engendrer une montée du niveau des mers de 40 cm à 3,70 m au cours des prochains siècles. Une estimation qui ne tient même pas compte de la fonte des glaciers et des banquises polaires.
Si ce document donne le sentiment d'une situation irrémédiable, il laisse des raisons d'espérer. Des solutions existent pour réduire ou retarder de nombreux effets du réchauffement, à condition bien sûr d'une adaptation des activités humaines. Mais c'est maintenant qu'il faut agir: les efforts des 20 à 30 prochaines années seront déterminants sur la stabilisation à long terme du réchauffement climatique. Des technologies "propres", comme l'énergie solaire ou éolienne, sont déjà disponibles, et d'autres seront commercialisées dans les prochaines décennies.
Le scénario le plus strict, qui prévoit d'atteindre le pic des émissions mondiales dans les quinze prochaines années, n'entraînerait que 3% de baisse du PIB mondial, estime le Giec. Toutefois, l'objectif de l'Union européenne de limiter la hausse des températures mondiales à 2°C au-dessus de son niveau pré-industriel est presque hors d'atteinte, préviennent les chercheurs.
L'objet du document , dont la version définitive sera rendue publique en novembre, est de servir de guide aux gouvernements dans la lutte contre le réchauffement et ses effets. À Vienne, un millier de délégués venus de 158 pays débattent cette semaine des lignes directrices du prochain protocole sur l'environnement, qui devra succéder à celui de Kyoto après 2012. La participation ou non des Etats-Unis et de la Chine à ce nouveau code de conduite sera déterminant.
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