Le phénomène a été révélé par l’agence Associated Press (AP). Sans qu”aucune explication scientifique ait pu être avancée, une habitante de Rions, petite commune de 1500 habitants en Gironde retrouve depuis un mois dans son garage des centaines d’abeilles mortes. Le mystère est d’autant plus grand qu’il s’ajoute à d’autres cas de mortalités anormales d’abeilles dans le Sud-Ouest.
AP a recueilli le témoignage de la propriétaire du garage : “”J’habite le petit bourg de Rions (Gironde) depuis plus de trente ans et je n’ai jamais vu une chose pareille. Mon garage, qui donne sur le village, est chaque soir depuis le 9 août envahi d’abeilles qui mettent des heures à mourir. A ce jour je les estime à 9.000. Au petit matin, elles sont toutes recroquevillées au sol, certaines agonisant encore après une nuit entière”…”Ma première réaction a été d’appeler les pompiers. En général, elles meurent en l’espace de deux heures. Elles ne sont pas agressives mais plutôt fatiguées. En général, le gros des groupes meurt en l’espace de deux heures. Avec des amis, on a même essayé de les lancer en l’air pour qu’elles s’envolent, sans résultat. Elles s’écroulaient sur le sol en recrachant une sorte de pollen. Les arrivées sont sans interruption, sauf deux nuits depuis le début du mois”.
Sans cesser, le phénomène se serait ralenti ces derniers jours. Des prélèvements et des analyses devaient être réalisés très prochainement par les services vétérinaires. Les autres apiculteurs de la commune n’ont pour leur part relevé aucune mortalité anormale.
La piste la plus sérieuse porte sur un empoisonnement lié à l’emploi d’un insecticide. La maison où ces événements se sont produits se situe pourtant dans un périmètre protégé qui abrite des forages alimentant en eau potable plusieurs communes du canton. Toutefois le maire de Rions relève la proximité d’une culture récente de tournesol. Autre piste, la présence à quelques kilomètres de plusieurs hectares de maïs transgénique.
Le fait divers pourrait néanmoins constituer la partie émergée d’une catastrophe beaucoup plus importante. La communauté scientifique a relevé ces dernières années une chute alarmante des insectes pollinisateurs sur l’ensemble de la planète, au premier rang desquels, les abeilles. Or, comme le relevait Bernard Vaissière, spécialiste des pollinisateurs à l’INRA, 75% des cultures qui nourissent l’humanité et 35% de la production de nourriture dépendent encore des pollinisateurs, c’est-à-dire des abeilles pour la plupart. La disparition massive de ces dernières a été baptisée syndrome d’effondrement des colonies (Colony collapse disorder).
Sur l’ensemble des USA, depuis la fin de l’automne 2006, les pertes enregistrées seraient de l’ordre de 60 % sur la côte ouest et jusqu’à 90 % dans certains états de l’est et du sud du pays. Selon les dernières estimations, ce sont près de 1,5 million de colonies qui seraient mortes aux États-Unis et 27 États sont touchés. En France, depuis 1995, la perte des colonies est estimée entre 300 000 et 400 000 chaque année.
Selon certains scientifiques et notamment, le professeur Joe Cummins, de l’Université d’Ontario, le fond du problème n’est pas la présence ou pas de cultures OGM mais l’utilisation généralisée, commune aux deux, de semences enrobées de pesticides systémiques les néonicotinoïdes, qui sont hautement toxiques pour les insectes, dont les abeilles. De faibles concentrations suffiraient à détruire la mémoire et les processus cérébraux des abeilles. Les dégâts causés par ces pesticides seraient démultipliés lors d’une utilisation conjointe de fongicides.
Outre la pollution chimique, certains scientifiques commencent à mettre en cause la pollution électromagnétique liée à notre mode de vie de plus en plus mobile qui se traduit par une exigence de portabilité et à la multiplication de l’implantation d’antennes relais à haut débit (GSM, Wifi…).
Henry Moreigne