Augmentation du niveau de la mer, fonte des glaciers, pluies diluviennes, ouragans: face aux conséquences d'une planète qui se réchauffe, il devient urgent d'adapter, voire de réinventer le développement urbain, estiment des experts du secteur de l'eau.
Alors que près de 80% de la population mondiale vit à moins de 50 kilomètres des côtes, l'Institut international de l'eau à Stockholm (SIWI) rappelle que "l'un des nombreux effets du changement climatique est la hausse du niveau de la mer".
"Nous devrions vraiment insister sur le fait que la dimension climatique doit être prise en compte (lors de l'établissement de plannings urbains), nous doter de cartes de vulnérabilité, développer des programmes d'action", a indiqué Johan Kuylenstierna, directeur de la Semaine mondiale de l'eau.
Ce congrès annuel est réuni à Stockholm pour sa 17e édition, en présence de quelque 2.500 experts du secteur de l'eau venus du monde entier. Le changement climatique y occupe une place prépondérante cette année.
"La gestion de l'eau est un outil important pour faire face au changement climatique. Si vous gérez correctement l'eau, vous vous préparez aussi correctement au changement climatique", a résumé M. Kuylenstierna.
Selon lui, l'homme fait aujourd'hui face au double défi de la croissance de la population mondiale et du réchauffement de la planète.
"Par exemple, il y a cent ans, le Bangladesh comptait un quart de sa population actuelle. S'il y avait une inondation, les effets étaient alors moins importants qu'aujourd'hui (...) A cela s'ajoute désormais le changement climatique", a-t-il expliqué.
Des inondations en Inde, au Népal et au Bangladesh ont fait depuis juin des millions de sinistrés et 1.900 morts.
Selon le SIWI, "le changement climatique, combiné à une population qui continue d'augmenter et à l'expansion des centres urbains, constitue une recette pour les catastrophes".
"Les villes côtières pourraient être menacées si des mesures visant à s'adapter et à diminuer (les effets du réchauffement climatique, ndlr) ne sont pas prises maintenant", estime l'institut.
Selon M. Kuylenstierna, l'une de ces mesures pourrait être de "déplacer les populations habitant (...) près des rivières, près de la mer".
"Ce sont des régions très attirantes, mais il va peut-être falloir accepter, enfin, que nous ne pouvons pas toujours oeuvrer contre la nature", a-t-il ajouté.
Il s'est réjoui que des compagnies d'assurances, aux Etats-Unis, avaient récemment averti qu'elles refuseraient d'assurer certains logements si ceux-ci étaient construits dans des zones considérées à risque.
Car force est de constater que s'il est difficile de changer les comportements des citoyens et des responsables politiques, l'argent et la pression économique sont des arguments convainquants, a-t-il observé.
Selon Sunita Narain, directrice du Centre pour la science et l'environnement en Inde, ce pays est en plein processus d'urbanisation et connait un boom de la construction des villes.
Une occasion d'intégrer les possibles effets du changement climatique et de réinventer "de nouveaux modèles" de villes, estime cette experte influente.
"Le changement climatique signifie qu'il y aura de plus en plus d'évènements imprévisibles, de plus en plus d'inondations. Il faut prévoir la gestion de l'eau, où elle ira", a expliqué Mme Narain, notant que jusqu'à présent, la construction des villes était avant tout axée sur les bâtiments, pas sur la question de l'eau.
"Nous devons rendre nos villes plus résistantes face au changement climatique", a-t-elle estimé, soulignant aussi l'importance d'instaurer des mesures, dans le secteur du transport notamment, visant à lutter contre le réchauffement de la planète et réduire les émissions de CO2.