L'impact du réchauffement climatique sur la propagation des maladies infectieuses va devenir un défi majeur très complexe, estiment des experts de santé publique réunis à Chicago pour une importante conférence médicale. Ce sujet a fait l'objet pour la première fois lundi soir d'un des deux discours d'ouverture de la 47e conférence annuelle sur les agents antimicrobiens (ICAAC) qui rassemble jusqu'au 20 septembre quelque 12.000 médecins et chercheurs américains et étrangers.
"Il y a quelques années nous n'aurions probablement même pas abordé cette question", a lancé le Dr Anthony McMichael, du Centre national d'épidémiologie et de la santé publique de l'Université de Canberra (Australie).
"Mais (...) le réchauffement climatique se produit plus rapidement que nous le pensions il y a tout juste cinq ou dix ans", a-t-il ajouté.
"Cela va être un défi majeur et nous devons collecter plus de données (...) et adopter une approche plus écologique pour comprendre les origines de l'accroissement de la vulnérabilité et de la propagation des maladies infectieuses", a expliqué le chercheur.
Le sujet est complexe et "exige que nous rassemblions aussi vite que possible les données pour pouvoir élaborer des modèles s'appuyant sur l'évolution de maladies lors des dernières décennies, pour bien comprendre les risques futurs", a-t-il aussi souligné.
C'est ainsi que les cas d'infections par le virus du Nil occidental ont augmenté de façon exponentielle aux Etats-Unis et au Canada depuis 1999 alors que le climat plus chaud permet aux moustiques vecteur de l'infection de se multiplier.
Le modèle élaboré pour projeter l'évolution du paludisme en Afrique de l'Ouest montre que l'incidence de la maladie va probablement diminuer dans cette région alors que le climat y devient de plus en plus chaud et sec ce qui ne favorise pas le développement des moustiques porteurs de l'agent pathogène responsable de l'infection.
Selon le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d'experts sur le changement climatique (Giec), publié cette année, la hausse moyenne prévisible de la température de la planète d'ici 2100 se situe entre 1,8 et 4° Celsius.
Le changement climatique va se traduire par une augmentation de la mortalité, touchant évidemment en priorité les pays les plus démunis, a prévenu le Giec.
Des maladies tropicales comme le paludisme ou la dengue vont se répandre, ainsi que diarrhées ou malnutrition, à la faveur de vagues de chaleur, cyclones, sécheresses et inondations.
Déjà en 2005, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) indiquait que le changement climatique mondial contribuait directement à l'augmentation de l'incidence du paludisme, de la malnutrition et de diarrhées.