La Martinique et la Guadeloupe sont "empoisonnées" par les pesticides, affirme le cancérologue Dominique Belpomme, auteur d'un rapport qui sera rendu public mardi à l'Assemblée nationale, dans un entretien à Aujourd'hui en France/Le Parisien paru lundi. La France n"a interdit le chlordécone, pourtant signalé comme dangereux depuis 1972, seulement qu'en «1990 sur son territoire». A l’exception des Antilles, où il a fallu attendre 1993, et où le produit a continué d’être utilisé jusqu’en 2002 de manière clandestine. Résultat : en Martinique, la plupart des sources d’eau sont polluées, de même que les fruits et légumes racines et certaines viandes. Toutes les femmes enceintes et tous les enfants sont contaminés.
"Les expertises scientifiques que nous avons menées sur les pesticides conduisent au constat d'un désastre sanitaire aux Antilles", estime le professeur à l'hôpital George-Pompidou, selon qui, "il s'agit d'un véritable empoisonnement de la Martinique et de la Guadeloupe".
D'après le cancérologue, qui a conduit récemment une mission scientifique dans ces deux départements d'Outre-mer pour mesurer les conséquences de l'usage massif de pesticides par l'agriculture antillaise, "l'empoisonnement concerne le sol et l'eau" Parmi les produits incriminés figurent "le chlordécone, le paraquat (interdit très récemment) et plusieurs dizaines d'autres pesticides utilisés dans des conditions opaques", explique le professeur Dominique Belpomme.
Il a constaté que le taux des cancers de la prostate est "majeur" aux Antilles mais que les scientifiques n'ont "pas encore la preuve épidémiologique" qu'ils sont "liés au chlordécone", un produit que "la France a interdit en 1990 sur son territoire, sauf... aux Antilles", a-t-il précisé.
Le ministre de l’Agriculture admet que la Martinique et la Guadeloupe ont été véritablement empoisonnées par des pesticides toxiques |
Le ministre de l’Agriculture admet que la Martinique et la Guadeloupe ont été véritablement empoisonnées par des pesticides toxiques, alors qu’un rapport explosif sur le sujet sera publié demain. La situation est «très grave» aux Antilles. Sur Europe 1 lundi matin, le ministre de l’Agriculture, Michel Barnier, n’a pas cherché à cacher son inquiétude quant aux risques sanitaires provoqués par l’usage intensif de pesticides en Martinique et en Guadeloupe. Le professeur Dominique Belpomme, cancérologue réputé, rendra public demain un rapport explosif sur le désastre provoqué par le recours massif au chlordécone, un pesticide fortement toxique, dans les Antilles. Dans Le Parisien, le médecin parle notamment d’un «véritable empoisonnement» du sol et de l’eau, et estime que cette affaire se révèle beaucoup plus grave que celle du sang contaminé». Pour preuve des effets du chlordécone, mais aussi d’autres pesticides comme le paraquat et «plusieurs dizaines d’autres», employés dans «des conditions très opaques», le cancérologue cite notamment le taux «majeur» (le second mondial) de cancers de la prostate aux Antilles. «Toutes les femmes enceintes et tous les enfants» contaminés S’il reconnaît que les scientifiques n'ont «pas encore la preuve épidémiologique» que ces cancers sont «liés au chlordécone», il explique aussi qu’on a en revanche «pu démontrer scientifiquement que toutes les femmes enceintes et tous les enfants qui naissaient» en Guadeloupe étaient «contaminés au chlordécone». Or, explique Dominique Belpomme, la France a interdit ce pesticide, pourtant signalé comme dangereux depuis 1972, seulement en «1990 sur son territoire». A l’exception des Antilles, où il a fallu attendre 1993, et où le produit a continué d’être utilisé jusqu’en 2002 de manière clandestine. Résultat : en Martinique, la plupart des sources d’eau sont polluées, de même que les fruits et légumes racines et certaines viandes. Face au scandale qui se profile, Michel Barnier a martelé sur Europe 1 que l’agriculture locale était «dans un nouvel état d’esprit». Pour le ministre, il faut «gérer le passé», avec «rigueur» et «le souci de connaître la vérité». Et d’insister sur l’opportunité «de faire autrement» puisque «les bananeraies ont été détruites par le cyclone» en août dernier. «Au moment où l'on va replanter, on a l'occasion d'utiliser peu ou pas de pesticides», insiste le ministre de l’Agriculture. source : le Figaro.fr avec AFP ------------------ Le MDRGF a été interpellé sur cette question par de nombreux journalistes et s'exprimera dans le JTde 13h00 ce lundi 17 09 07 |
Les pesticides sont-ils à l'origine d'un désastre sanitaire en Martinique et en Guadeloupe ? C'est ce qu'affirme le professeur Belpomme, cancérologue qui rendra public demain à l'Assemblée un rapport accablant sur cette affaire. Des morts avérés, des cancers de la prostate en surnombre, des femmes enceintes et des nouveau-nés contaminés, des sols et des eaux durablement pollués... Le scandale du chlordécone, ce puissant pesticide massivement utilisé aux Antilles, que notre journal a révélé le 28 août, prend désormais une tout autre ampleur. C'est ce qu'affirme aujourd'hui le professeur Belpomme, un cancérologue français de renommée internationale, pour qui l'usage généralisé des pesticides aurait provoqué des dégâts irrémédiables en Martinique et en Guadeloupe. Après avoir conduit une mission aux Antilles au printemps dernier, à la demande d'associations écologistes, le scientifique - qui rendra public demain à l'Assemblée un rapport* explosif de 52 pages - assure même que cette « affaire » dépasse de loin celle du sang contaminé. |