"Devons-nous redouter la dégradation des terres? Oui!", a lancé le scientifique, responsable du département agriculture de l'OMM, s'adressant à la presse à Genève, quelques jours avant la conférence sur la désertification qui se teindra du 3 au 14 septembre à Madrid.
"Nous nourrissons aujourd'hui la population mondiale, qui compte 6,3 milliards de personnes, à partir de 11% de la surface susceptible d'être exploitée pour une production alimentaire sérieuse.
La question est de savoir si nous pourrons nourrir les 8,2 milliards prévus en 2020 si les terres cultivables sont moins nombreuses", a-t-il poursuivi, évoquant l'Afrique, l'Amérique latine et certaines zones d'Asie où la raréfaction des pluies et leur caractère moins prévisible seront les plus dommageables.
Outre la dégradation des sols, précipitations en baisse et évaporation accrue compliqueront à la fois l'irrigation et la production de l'énergie nécessaire aux engins agricoles.
Dans certaines régions, a souligné Sivakumar, la progression du désert et la salinité croissante de sols autrefois fertiles est déjà très avancée. A terme, ce pourrait être le sort des zones sèches d'Amériques latine, notamment au Brésil, l'un des poids lourds de la scène agricole mondiale.
En Afrique, la variabilité croissante du climat va probablement se traduire par un raccourcissement de la période de production, en particulier dans les zones arides et semi-arides.
L'innovation et l'adaptation des pratiques agricoles afin de ménager les ressources n'en sont que plus essentielles, mais le retour à la multiplicité des productions, au détriment de la monoculture intensive avec force engrais, peut également se révéler salutaire, a estimé le chercheur.