L'exploitation des mines d'or africaines par les multinationales et son cortège de pollutions menacent gravement la santé des populations locales, sans permettre aux pays de sortir de la pauvreté, dénonce un livre-enquête de Gilles Labarthe,
"C'est une bombe à retardement écologique", assure le journaliste suisse, Gilles Labarthe, auteur de "L'or africain", publié en collaboration avec l'ONG Oxfam France-Agir ici et l'association Survie."La somme des dégradations écologiques et des atteintes à la santé provoquées par l'exploitation des mines d'or à ciel ouvert va ruiner les régions productrices pour des générations à venir", explique-t-il. Les nappes phréatiques sont notamment polluées par le cyanure et le mercure, utilisés pour purifier le minerai. "Ces pollutions entraînent des cas de paralysie, de cécité, et de nombreuses fausses couches", indique M. Labarthe. Dans deux villages de la région de Sadiola (sud-ouest du Mali), un des principaux sites miniers du pays, quatre femmes enceintes sur cinq font une fausse couche, a précisé Kaou Sissoko, secrétaire général de l'Association des ressortissants de la commune de Sadiola en France. Pour dépolluer tous les sites aurifères en Afrique, il faudrait dépenser environ 16 milliards de dollars, avance M. Labarthe qui craint que ce fardeau financier ne retombe sur les épaules des Etats, qui ne touchent déjà qu'une portion congrue des revenus générés par l'or extrait de leurs sols. Le continent africain détient la moitié des réserves d'or mondiales identifiées, et assure actuellement un quart de la production annuelle mondiale, avec 600 tonnes extraites. Mais "80% des plus gros gisements africains sont aux mains des multinationales" qui y font une grosse marge de bénéfice en raison également de "la main d'oeuvre très bon marché", et "des cadences de travail imposées aux ouvriers", explique Gilles Labarthe. Les trois principales compagnies sont l'AngloGold (Afrique du sud), Barrick Gold (Canada) et Newmont Mining (USA), toutes financées par de grandes banques comme l'Union des Banques suisses (UBS) ou la française Société générale. En septembre, la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) avait souligné que l'exploitation de l'or au Mali, devenu depuis 2003 le troisième producteur africain de métal jaune, n'avait pas permis "au Mali de sortir de la pauvreté". L'or peut également servir à financer des mouvements armés, comme en République démocratique du Congo, souligne le journaliste, qui plaide pour une plus grande transparence sur l'origine de l'or, tout en reconnaissant que sa traçabilité est plus compliquée que pour le diamant. "Il est extrêmement malléable, il peut être fondu, et refondu", explique-t-il. |