Les participants au "Grenelle de l'Environnement" ont tiré mercredi soir un bilan plutôt positif de leur première journée-marathon, malgré des incertitudes sur deux sujets-phares : l'instauration d'une "taxe carbone" et la gestion des déchets.
"Sur les domaines importants aujourd'hui, transport et équipement, franchement c'est inespéré, il faut avoir l'objectivité de le dire, sinon ça ne récompense pas l'intelligence et le pragmatisme de tous ceux qui étaient réunis", a déclaré en début de soirée un Nicolas Hulot "agréablement surpris" par le chemin parcouru.
"Cette discussion était psychologiquement impensable il y a quelque temps, je pense que chacun aurait claqué la porte au bout de quelque temps", a fait remarquer l'animateur de télévision, qui a souligné l'attitude "très offensive" du ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo.
Nicolas Hulot s'est dit optimiste quant aux chances d'obtenir des autorités l'instauration d'une "contribution", autrement appelée "taxe carbone", sur les produits les plus gourmands en carbone ou en énergie.
Nicolas Sarkozy tranchera lors du discours qu'il prononcera jeudi après-midi à l'Elysée, en présence de l'ancien vice-président américain Al Gore, prix Nobel de la paix 2007.
Au ministère de l'Ecologie, les choses avaient bien commencé mercredi matin avec une longue séance de travail - transports, bâtiment et énergie - riche en consensus.
La plupart des idées débattues ayant été approuvées par les 80 participants, elles devraient voir le jour, conformément au principe édicté par François Fillon en début de journée.
"Toutes les propositions concrètes, précises et consensuelles, le gouvernement s'engage(ra) à les mettre en oeuvre", a dit le Premier ministre.
LA QUESTION DES DÉCHETS REPORTÉE
Cette première réunion a ainsi confirmé la création d'une "éco-pastille" avec un système de bonus/malus pour les automobiles, d'une "écotaxe" pour les poids lourds ou encore le développement du ferroutage.
Dans le bâtiment, un consensus a été trouvé sur le renforcement de l'efficacité énergétique des constructions.
L'idée est de passer en quelques années à 50 kWh/m2/an contre 260 kWh/m2/an actuellement (neuf et ancien confondus). L'Etat devra montrer l'exemple en rénovant les bâtiments publics dans les trois à cinq ans, a dit Jean-Louis Borloo.
Des prêts seront accordés aux familles modestes, souvent pénalisées par leurs factures de gaz et d'électricité, qui souhaitent isoler leur logement.
En milieu d'après-midi, une première "vraie divergence", selon les termes de la Fondation Nicolas Hulot, est apparue sur la question de la "taxe carbone", pour laquelle le Medef a réclamé des compensations, notamment en terme de charges.
Autre point de friction : le nucléaire, et notamment le développement du réacteur de nouvelle génération EPR.
"Là où nous n'avons pas obtenu satisfaction, c'est que dans le nouveau scénario énergétique, pour nous l'EPR y a encore moins de place qu'avant, mais ça c'est renvoyé à la décision du président de la République demain", a dit Yannick Jadot, de Greenpeace.
La question des déchets, qui divise également, a fait hausser le ton autour de la table lors de la deuxième séance, qui s'est poursuivie jusqu'à environ 20h30.
Il a finalement été décidé de se donner 12 semaines de plus pour réfléchir à ce sujet délicat. Un report que Greenpeace a qualifié d'"échec".
Comment vont être financées toutes ces mesures ? Elus, écologistes et opposition de gauche ont reposé mercredi la question de façon insistante.
"Tout ce qui est annoncé et engagé fait l'objet d'un accord du Premier ministre, du président et de Bercy. Aucune des mesures ne fait l'objet d'un financement dédié ou propre", leur a répondu Jean-Louis Borloo.