"La vie n'est pas un travail : travailler sans cesse rend fou" Qui est donc l’auteur de cette formule blasphématoire ? Un fainéant d’anarchiste ? Un mendiant philosophe ? Pas du tout : le Général De Gaulle ! http://lemendiant.over-blog.com/article-12846578.html
Sarkozy est fou titrait le magazine Marianne durant la campagne présidentielle. Voilà qui pourrait rejoindre la prophétie du Général, tant il est de notoriété que Sarkozy travaille sans cesse. A trop gesticuler, il serait devenu fou… au point de vouloir nous imposer à tous un régime de forçats !
En soi, nous devrions tous nous réjouir de la réhabilitation du travail et du goût de l’effort. Le travail n’éloigne-t-il pas de nous « trois grands maux : l ’ennui, le vice et le besoin », comme l’écrivait Voltaire ?
Oui mais voilà : le travail, version Sarkozy, est un travail subi, un travail tripalium ! On ne travaille pas parce que l’on aime travailler. On ne travaille pas parce que l’on a réussi à faire coïncider vocation et vacances (le secret du bonheur selon Mark Twain). Non, on travaille pour « gagner plus », variante politiquement correcte de la prostitution.
« C’est une vieille habitude nationale : la France
est un pays qui pense […] Assez pensé maintenant. Retroussons nos manches. » déclarait la ministre de l’économie Christine Lagarde devant les députés ébahis le 10 juillet dernier. A quelques jours de notre fête nationale, nos révolutionnaires ont du se retourner dans leurs tombes…
Nous voilà donc semble-t-il revenu dans les années fric, les années 80, lorsque le raider Gordon Gekko clamait dans le film Wall Street d’Oliver Stone « Greed is good. Greed works. » L’avidité nous sauvera et comme la fin justifie les moyens, les délits financiers ne doivent plus être pourchassés… On savourera la profondeur d’une telle philosophie à l’heure où les prêts hasardeux menacent une fois de plus la stabilité financière mondiale…
Mais revenons à nos moutons besogneux. Seront-ils au moins bien payés ? Le « travailler plus pour gagner plus » sarkozyen serait en effet la réponse à la revendication légitime du pouvoir d’achat. Le problème est réel : les « travailleurs pauvres » seraient en France entre 1,2 et 3,5 millions et une personne sur quatre se rendant aux Restos du cœur est salariée, selon Olivier Berthe, le président de l’association.
Demander aux entreprises d’augmenter les salaires serait évidemment dommageable pour leurs marges : elles ne pourraient plus verser autant à leurs dirigeants ! Mieux vaut donc pointer le doigt vers les salariés : « Vous voulez gagner plus ? Et bien travaillez plus et cessez de vous plaindre ! » C’est grosso modo le discours que notre Président a tenu devant des étudiants africains outrés à Dakar : « Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. » Salauds de pauvres, vous n’aviez qu’à travailler pour votre propre compte au lieu de devenir les esclaves des occidentaux !
Nicolas Sarkozy n’est pas énarque mais, question bon sens, il n’a apparemment rien à leur envier. Depuis quand les salariés décident-ils en effet de leur durée de travail ? « Bonjour patron. Ecoutez, j’aimerais bien me payer un écran plasma pour faire tourner l’économie chinoise alors, à partir de demain, je vais venir bosser une heure plus tôt et je repartirai une heure plus tard. Vous voudrez bien adapter mon salaire en conséquence… » On imagine la tête du chef d’entreprise…
D’aucuns auront aussi remarqué que jamais le stress n’a fait autant de ravage. Les conditions de travail se sont tellement dégradées que le travail ferait déjà une victime par jour ! Quel salarié opprimé, s’il a vraiment le choix, acceptera d’en reprendre du rab ? Tous ne sont évidemment pas stressés mais 54% des salariés ne seraient néanmoins pas prêts à sacrifier leur temps libre pour « gagner plus » (sondage de LH2 pour le Parisien).
Les plus perspicaces auront aussi remarqué que le problème de la France
, n’est pas tant de travailler plus que de faire travailler davantage de monde. Moins de 2 millions de chômeurs selon les statistiques officielles mais probablement plus de 4 millions de personnes qui ne veulent pas « travailler plus » mais travailler tout court !
Si encore le slogan s’adressait aux entrepreneurs en herbes, à tous ceux qui rêvent de choisir un travail qu’ils aiment afin de ne pas avoir à travailler « un seul jour de leur vie », selon la formule de Confucius. Cela pourrait donner : « Entreprenez davantage pour travailler moins ! » Les esprits chagrins pourraient continuer à regretter la course incessante à la croissance qui fout la planète en l’air mais que de satisfaction, de dynamisme et de créations de postes en perspective ! Et avec un peu de chance, ces nouvelles entreprises pourraient être dans le bio, dans l’écologie, dans les énergies renouvelables…
Cessons de rêver. Selon le magazine Marianne (15 sept 2007), Sarkozy serait un « fricocrate » et aurait « un penchant pour les héritiers plus que pour les bâtisseurs d’empire ». « Pour l’essentiel, ce ne sont pas les entrepreneurs qui séduisent le chef de l’Etat, mais les très riches », à l’instar de Vincent Bolloré qui fut remercié pour le prêt du yacht en ces termes : « Je souhaite pour l’économie française beaucoup de Vincent Bolloré » déclara le Président à l’opinion.
Notre opinion ? Ce n’est pas la richesse qui pose problème mais la richesse ostentatoire de quelques uns quand un plus grand nombre a du mal à boucler ses fins de mois. Le bling bling est aussi puéril qu’indécent, à l’heure où 900 millions de personnes souffrent de la faim dans le monde ! Voilà, pour le coup, des hommes et des femmes qui devraient vraiment pouvoir « gagner plus », chez eux !
Quant à nous qui avons eu la chance de naître dans un pays riche, travaillons donc plus consciemment et intelligemment afin de donner véritablement du sens et de la valeur à notre travail. « Celui qui travaille travaille pour lui », rappelle la Bible
, pas pour Sarkozy !
Le Mendiant
Le pire n’est pas une fatalité. Parlez-en autour de vous…