L'ancien vice-président américain (avec les experts du GIEC) vient de se voir attribuer le prix Nobel de la paix pour sa campagne de sensibilisation aux dangers du réchauffement climatique. Si l'exactitude scientifique du film Une vérité qui dérange fait encore débat, la récompense a valeur de symbole, et pourrait bien changer la donne électorale aux Etats-Unis.
Le prix Nobel de la paix à été décerné vendredi 12 octobre à l'ancien vice-président américain Al Gore, ainsi qu'aux membres du GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat). Pour le président du comité Nobel, Ole Danbolt Mjoes, Al Gore est probablement "l'individu qui a fait le plus pour que l'on comprenne mieux à travers le monde les mesures qui doivent être adoptées". Une allusion au film documentaire An Inconvenient Truth, réalisé en 2006 par David Guggenheim, qui met en images le combat d'Al Gore contre le réchauffement de la planète.
Le film, récompensé aux Oscars en février 2007, véhicule un message choc : l'humanité doit agir de toute urgence pour désamorcer la bombe à retardement que représente le réchauffement climatique. Il se base pour cela sur de nombreuses études scientifiques dont le sérieux n'a jamais été mis en cause. Mais on a reproché au film d'être avant tout une œuvre politique remplie d'imprécisions.
Ainsi, Damian Thompson, du Daily Telegraph, rappelle qu'un juge anglais a récemment estimé qu'avant de diffuser le film dans les écoles britanniques, le guide de diffusion aux enseignants devrait obligatoirement comporter un avertissement. "Cela parce que le film est bourré d'erreurs et de revendications infondées", note le journaliste.
"Le juge ne prétend pas (et moi non plus) que la thèse d'Al Gore est totalement fausse. Mais, en un sens, ce jugement est bien plus accablant. Gore assure que l'augmentation de CO2 dans l'atmosphère et la hausse des températures 'cadrent parfaitement'. Ce qui, aux dires du juge Burton, est faux : il y a bien un lien de causalité, mais pas une exacte corrélation. Gore prétend que le niveau des mers augmentera de plus de 6 mètres dans un avenir proche. Faux, répond le juge : cela n'arrivera que dans des millions d'années... Et ces atolls du Pacifique qui, selon Gore, ont dû être évacués ? Aucune preuve... Et ces ours polaires qui se sont noyés en recherchant la glace ? Là encore, rien d'avéré. L'homme n'est certes pas un menteur absolu. Mais c'est un fanfaron qui exagère sans cesse."
"Il y a tant de raisons de ne pas attribuer à Al Gore le prix Nobel de la paix", écrit-il, se demandant par ailleurs ce que Gore a bien pu faire pour la paix mondiale. "C'est là l'objection la plus fondamentale. Le réchauffement climatique est une menace pour l'environnement, pas pour la paix et l'ordre international. On a certes déjà attribué le Prix Nobel a des personnalités un peu louches. Mais on pouvait au moins défendre l'idée que leur action avait évité un bain de sang."
Dans les pages du Guardian, Mark Lynas se montre plus mesuré. "On ne peut pas dire qu'Al Gore a eu raison sur absolument tous les points. Il est vrai que le scénario apocalyptique de l'arrêt du Gulf Stream (qui plongerait l'Europe dans une nouvelle ère glaciaire) paraît aujourd'hui improbable aux océanographes, et que Gore a eu tort de chercher un lien de cause à effet entre la fin de l'ère glaciaire et le taux de CO2 dans l'atmosphère. Mais tous ces points paraissent triviaux comparés à l'argument principal, qui décrit sans ambiguïté le consensus scientifique autour de la réalité du réchauffement climatique."
Maintenant qu'Al Gore a obtenu le prix Nobel de la paix, une autre question se pose : celui qui se décrivait autrefois comme "l'ex-futur président des Etats-Unis d'Amérique" souhaitera-t-il entrer dans la course à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle de 2008. "Partout à travers le pays se forment des groupes de soutien, qui cherchent à obtenir des signatures pour qu'il se présente in extremis aux primaires", relève le webzine américain de gauche Alternet. "Certains de ceux qui le soutiennent espèrent qu'il changera d'avis et entrera dans la course après le 12 octobre."
"L'urgence ressentie par la base démocrate provient en grande partie des insuffisances de la nouvelle génération, dont les principaux représentants paraissent moins visionnaires, expérimentés et sérieux et qu'Al Gore." La favorite, Hillary Clinton, n'est pas parvenue à faire oublier qu'entre 2002 et 2005 elle avait soutenu l'intervention militaire en Irak. Barack Obama, qui comptait parmi les premiers opposants à la guerre, a quant à lui la réputation de manquer d'expérience. Quand au sénateur John Edwards, il combinerait les deux handicaps.
Dans ce contexte, "Gore apparaît comme l'un des rares héros", juge Alternet. "Le seul homme politique qui a osé dire la vérité et qui s'est attiré les foudres du petit monde de Washington."
Le film, récompensé aux Oscars en février 2007, véhicule un message choc : l'humanité doit agir de toute urgence pour désamorcer la bombe à retardement que représente le réchauffement climatique. Il se base pour cela sur de nombreuses études scientifiques dont le sérieux n'a jamais été mis en cause. Mais on a reproché au film d'être avant tout une œuvre politique remplie d'imprécisions.
Ainsi, Damian Thompson, du Daily Telegraph, rappelle qu'un juge anglais a récemment estimé qu'avant de diffuser le film dans les écoles britanniques, le guide de diffusion aux enseignants devrait obligatoirement comporter un avertissement. "Cela parce que le film est bourré d'erreurs et de revendications infondées", note le journaliste.
"Le juge ne prétend pas (et moi non plus) que la thèse d'Al Gore est totalement fausse. Mais, en un sens, ce jugement est bien plus accablant. Gore assure que l'augmentation de CO2 dans l'atmosphère et la hausse des températures 'cadrent parfaitement'. Ce qui, aux dires du juge Burton, est faux : il y a bien un lien de causalité, mais pas une exacte corrélation. Gore prétend que le niveau des mers augmentera de plus de 6 mètres dans un avenir proche. Faux, répond le juge : cela n'arrivera que dans des millions d'années... Et ces atolls du Pacifique qui, selon Gore, ont dû être évacués ? Aucune preuve... Et ces ours polaires qui se sont noyés en recherchant la glace ? Là encore, rien d'avéré. L'homme n'est certes pas un menteur absolu. Mais c'est un fanfaron qui exagère sans cesse."
"Il y a tant de raisons de ne pas attribuer à Al Gore le prix Nobel de la paix", écrit-il, se demandant par ailleurs ce que Gore a bien pu faire pour la paix mondiale. "C'est là l'objection la plus fondamentale. Le réchauffement climatique est une menace pour l'environnement, pas pour la paix et l'ordre international. On a certes déjà attribué le Prix Nobel a des personnalités un peu louches. Mais on pouvait au moins défendre l'idée que leur action avait évité un bain de sang."
Dans les pages du Guardian, Mark Lynas se montre plus mesuré. "On ne peut pas dire qu'Al Gore a eu raison sur absolument tous les points. Il est vrai que le scénario apocalyptique de l'arrêt du Gulf Stream (qui plongerait l'Europe dans une nouvelle ère glaciaire) paraît aujourd'hui improbable aux océanographes, et que Gore a eu tort de chercher un lien de cause à effet entre la fin de l'ère glaciaire et le taux de CO2 dans l'atmosphère. Mais tous ces points paraissent triviaux comparés à l'argument principal, qui décrit sans ambiguïté le consensus scientifique autour de la réalité du réchauffement climatique."
Maintenant qu'Al Gore a obtenu le prix Nobel de la paix, une autre question se pose : celui qui se décrivait autrefois comme "l'ex-futur président des Etats-Unis d'Amérique" souhaitera-t-il entrer dans la course à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle de 2008. "Partout à travers le pays se forment des groupes de soutien, qui cherchent à obtenir des signatures pour qu'il se présente in extremis aux primaires", relève le webzine américain de gauche Alternet. "Certains de ceux qui le soutiennent espèrent qu'il changera d'avis et entrera dans la course après le 12 octobre."
"L'urgence ressentie par la base démocrate provient en grande partie des insuffisances de la nouvelle génération, dont les principaux représentants paraissent moins visionnaires, expérimentés et sérieux et qu'Al Gore." La favorite, Hillary Clinton, n'est pas parvenue à faire oublier qu'entre 2002 et 2005 elle avait soutenu l'intervention militaire en Irak. Barack Obama, qui comptait parmi les premiers opposants à la guerre, a quant à lui la réputation de manquer d'expérience. Quand au sénateur John Edwards, il combinerait les deux handicaps.
Dans ce contexte, "Gore apparaît comme l'un des rares héros", juge Alternet. "Le seul homme politique qui a osé dire la vérité et qui s'est attiré les foudres du petit monde de Washington."