Au Burkina Faso, un nouveau projet de traitement des déchets plastiques contribue non seulement à améliorer l’environnement mais crée aussi des «emplois verts».
Parmi les objectifs de la nouvelle initiative de l’OIT en faveur des «emplois verts» figure le lien entre développement et création d’emplois, d’une part, et création d’un environnement plus propre et plus durable, d’autre part. Bien que le concept soit relativement neuf, la pratique se répand déjà dans certaines parties du globe.
Quand le spécialiste italien de l’environnement, Andrea Micconi, a vu pour la première fois une montagne de déchets plastiques, il a découvert qu’en plus de détruire le sol ces déchets provoquaient aussi la mort du bétail local.
Aujourd’hui, non seulement son projet de nettoyage de déchets sauve la vie des vaches et nettoie la ville mais il contribue également à créer des «emplois verts». Un cercle vertueux qui fournit du travail et un revenu aux personnes employées à rendre l’environnement plus propre et durable.
«Vingt mille tonnes de déchets plastiques sont dispersés tout autour de Ouagadougou chaque année, non seulement par les habitants mais aussi par la pluie et le vent», affirme M. Micconi qui travaille pour l’Association internationale des volontaires laïcs (AIVL) sur place.
«La population locale ne se rend pas compte que 30 pour cent de son bétail meurt en avalant accidentellement du plastique. Aucun doute, les Burkinabés se battent, tant économiquement que socialement. Mais en encourageant les gens à ramasser et recycler les déchets plastiques, la situation environnementale pourrait s’améliorer encore plus rapidement», ajoute-t-il.
C’est précisément sur ce domaine que s’est penché M. Micconi en 2003, lorsqu’il s’est inscrit aux cours de Maîtrise de gestion du développement – dispensé par le Centre de formation de l’OIT de Turin, en Italie. Ces cours donnent aux participants des bases solides en matière de conception de projet en combinant les dimensions juridique, sociale et environnementale dans un cycle intégré.
Pendant sa formation, M. Micconi a élaboré un projet intitulé «Protéger l’environnement en tirant parti des déchets au Burkina Faso» dans lequel il présentait une solution durable et rentable. En fait, malgré de gros investissements, les précédentes tentatives menées au Burkina Faso et dans d’autres pays du Sahel ont échoué en raison de conflits d’intérêt entre les secteurs public et privé, et parce qu’ils n’impliquaient pas vraiment les communautés locales.
«C’est pourquoi nous avons commencé par organiser des campagnes de sensibilisation du public pour les alerter sur les risques et les dangers des déchets plastiques et leur présenter le concept du recyclage et ses avantages», déclare M. Micconi. «Ils ont alors été convaincus de se rendre partout en ville et dans les environs pour collecter le plastique qu’ils pourraient revendre, en faisant un profit, au premier centre de recyclage du pays».
«Là il est retransformé en granulés vendus aux entreprises pour fabriquer des chaises, des tubes, du matériel scolaire, etc., créant ainsi de nouvelles sources de revenus pour les plus pauvres.» Le projet était tellement convaincant qu’en 2003 le Marché du développement de la Banque mondiale – un programme qui identifie et soutient les idées novatrices dans le domaine du développement – a récompensé M. Micconi d’un prix de 148 400 dollars qui lui a permis de démarrer les travaux immédiatement.
S’appuyant sur une expérience similaire menée au Sénégal en 2004, le premier centre de recyclage jamais créé à Ouagadougou a été construit et est maintenant totalement opérationnel. Il utilise des ressources locales et une technologie appropriée qui peut être comprise même si les niveaux d’alphabétisation sont bas.
Le centre de recyclage est géré par 30 femmes et deux techniciens (tous locaux) qui travaillent huit heures par jours cinq jours par semaine et gagnent l’équivalent de 50 euros par mois – un bon salaire comparé à celui d’un enseignant burkinabé qui gagne 35 euros mensuels. Les quelque 2 000 ramasseurs de déchets locaux gagnent jusqu’à 80 centimes d’euro par jour.
Peu après, le Département de gestion des déchets de la municipalité de Ouagadougou, les autorités locales, les organisations et les entreprises ont décidé de prendre part au projet.
«En réunissant les secteurs public et privé dans une initiative commune, nous avons pu améliorer un service à la population ainsi que développer un marché», explique M. Micconi. Qui plus est, grâce à un accord officiel de jumelage entre la ville de Ouagadougou et celle de Turin en Italie signé en 2003, et grâce à un programme de coopération décentralisé en Afrique de l’Ouest géré par la région du Piémont, le gouvernement italien a aussi décidé d’offrir une assistance technique et financière supplémentaire.
Aujourd’hui, l’état de l’environnement s’est notablement amélioré, la ville et ses environs sont plus propres. En outre, une grande partie de la population locale dispose maintenant de revenus, soit en collectant des déchets plastiques soit en travaillant comme employés à plein temps au centre de recyclage. Nombre d’entre eux figuraient autrefois parmi les plus pauvres des banlieues de Ouagadougou.
En fait, l’Association locale des femmes gère à présent le centre de manière indépendante et a généré environ 35 000 dollars de revenus pour l’année 2006; deux tiers destinés aux salaires et le reste couvrant les coûts de maintenance et d’amortissement.