L'ancien président khmer rouge Khieu Samphan a été arrêté lundi dès sa sortie de l'hôpital de la capitale cambodgienne où il avait été admis mercredi dernier après une attaque, a annoncé le tribunal parrainé par les Nations unies chargé de juger les responsables du génocide au Cambodge.
Des policiers ont escorté Khieu Samphan dès sa sortie de l'hôpital de Phnom Penh, le soutenant par les bras jusqu'à une voiture de police qui est aussitôt partie à vive allure dans un convoi d'une demi-douzaine de véhicules.
"Khieu Samphan, l'ancien chef de l'Etat du Kampuchea démocratique, a été arrêté", a déclaré le porte-parole du tribunal Reach Sambath en référence à l'ancien nom officiel du Cambodge durant le régime khmer rouge.
L'arrestation de Khieu Samphan était largement attendue. Le tribunal a déjà fait arrêter quatre de ses anciens collègues pour répondre des atrocités commises par le régime khmer rouge entre 1975 et 1979 et qui a coûté la vie selon les estimations à environ 1,7 million de Cambodgiens.
Le 12 novembre dernier, l'ancien ministre khmer rouge des Affaires étrangères Ieng Sary, 77 ans, et sa femme Ieng Thirit, 75 ans, qui fut ministre des Affaires sociales, avaient été arrêtés à Phnom Penh par la police cambodgienne. Sous le coup d'un mandat d'arrêt pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre, ils ont été déférés devant le tribunal chargé de juger les responsables du génocide perpétré dans les années 70.
Ieng Sary, de son vrai nom Kim Trang, était membre du premier cercle khmer rouge. Pol Pot, le "frère numéro un", est décédé en 1998 et son chef militaire Ta Mok est mort en détention en 2006. Ieng Sary, qui était, lui, le "frère numéro trois", avait fait défection en 1996 et été amnistié de sa condamnation à mort par contumace.
L'ancien numéro deux du régime, Nuon Chea, ainsi que Kain Guek, surnommé "Duch", qui dirigeait le centre de tortures S21, ont été inculpé en septembre au Cambodge de "crimes contre l'humanité" et "crimes de guerre".
Le tribunal a été mis sur pied l'an dernier après sept années de difficiles négociations entre l'ONU et le gouvernement cambodgien. Le Premier ministre Hun Sen a été accusé de faire intentionnellement obstacle à sa création pour ne pas embarrasser les ex-Khmers rouges qui soutiennent aujourd'hui son gouvernement. Avec un budget limité de 56,3 millions de dollars (42 millions d'euros) sur trois ans, les procès devraient débuter l'année prochaine.