La destruction des forêts et tourbières en Indonésie pour répondre à la demande mondiale en huile de palme, utilisée dans l'alimentation, les cosmétiques et les biocarburants, pourrait déclencher à terme une "bombe climatique".
"A moins que des efforts soient entrepris pour arrêter la destruction de la forêt et des tourbières, les émissions (de dioxyde de carbone) de ces zones pourraient déclencher une +bombe climatique+", a indiqué Greenpeace dans un rapport publié jeudi et intitulé "Cooking the climate" (Cuire le climat).
L'organisation prévient que ces forêts absorbent actuellement du dioxyde de carbone (CO2), un gaz à effet de serre considéré comme le principal responsable du réchauffement climatique. Mais leur destruction "va bientôt transformer ces entrepôts de CO2 en sources d'émission".
Selon elle, la disparition totale des forêts et tourbières de la province de Riau (centre de l'île de Sumatra) pourrait libérer à terme l'équivalent de la production mondiale annuelle de gaz à effet de serre.
Cette province, qui dispose de 4 millions d'hectares de tourbières (l'équivalent de la Suisse) qui font parfois quinze mètres d'épaisseur et 1,4 million d'hectares de plantation de palmiers à huile, possède "actuellement la plus importante capacité de stockage de CO2 au monde" (14,6 milliards de tonnes), a souligné le rapport.
Pour l'heure, la destruction de la végétation et des forêts marécageuses en Indonésie provoque l'émission de 1,8 milliard de tonnes de CO2 chaque année, soit 4% des émissions mondiales annuelles.
Réclamant l'arrêt de cette déforestation, le groupe écologique pointe notamment du doigt les géants mondiaux de l'industrie tels Unilever, Nestlé et Procter & Gamble, principaux acheteurs d'huile de palme indonésienne.
L'Indonésie est le second producteur mondial d'huile de palme après la Malaisie. Les deux pays représentent 85% de la production mondiale.