L'Inde devrait recevoir cent milliards de dollars d'investissements privés d'ici à 2012 pour améliorer ses infrastructures, qui sont dans un état déplorable, tandis que New Delhi évalue ses besoins à 450 milliards, au risque de voir sa croissance ralentir.
Pour le développement des routes, ports, aéroports, voies ferrées ou réseaux électriques en Inde, "nous prévoyons que le montant des investissements privés dans des projets d'infrastructures dépasse les 4.000 milliards de roupies (100 mds USD) dans les cinq prochaines années" a indiqué mardi Kuljit Singh, du cabinet de conseil Ernst and Young, qui vient de publier une étude.
"Partout dans le monde, les infrastructures sont la clé de la croissance des pays émergents et les investisseurs privés sont prêts à y participer", a martelé l'expert.
Mais pour l'instant, l'Inde --un géant de 1,1 milliard d'habitants, à la croissance de 9,3% sur un an et qui se rêve en superpuissance-- possède des infrastructures d'un niveau lamentable, reconnaît régulièrement le Premier ministre Manmohan Singh. Surtout si on les compare à celles de la Chine, de pays d'Asie du Sud-Est, voire du Pakistan voisin.
A titre d'exemples, il n'y a pas vraiment d'autoroutes en Inde, mais quelques bonnes routes à quatre voies, l'aéroport international de New Delhi n'a pas été rénové depuis des années et ses pistes sont totalement saturées. Et puis, l'économie a beau tourner à plein régime, le pays manque cruellement d'électricité.
Pour nombre d'économistes, ce manque d'infrastructures constitue le principal frein à une croissance solide à long terme.
"Le défi de l'Inde, ce n'est pas seulement d'améliorer ses infrastructures actuelles, mais aussi d'en construire de nouvelles pour maintenir le rythme rapide de croissance économique et rester compétitif", a prévenu Jayesh Desai, l'un des directeurs locaux de Ernst and Young.
Les investissements dans les transports routiers et ferroviaires, les réseaux de distribution d'eau, l'énergie, les ports ou les aéroports devraient représenter 9% de la production nationale de richesses d'ici à 2012 contre seulement 5% actuellement, d'après le cabinet.
"Les besoins de l'Inde sont si importants qu'ils nécessiteront des investissements privés substantiels d'environ cent milliards de dollars, offrant des opportunités aux investisseurs internationaux", a ajouté M. Desai.
Il y a quelques mois, les autorités indiennes avaient évalué à plus de 450 milliards de dollars le montant des investissements, publics et privés, indispensables au développement du pays et au maintien de son rythme effréné de croissance.
Ainsi, pour améliorer et étendre le réseau des 50.000 km de routes, le gouvernement fédéral a parlé d'une manne de 9.000 milliards de roupies (225 milliards de dollars) dans les cinq prochaines années. A cela s'ajouterait 5.200 milliards de roupies (130 mds USD) pour disposer de 200.000 mégawatts d'éléctricité d'ici à 2012, contre une capacité actuelle de 130.000 MW.
Et New Delhi est en quête de 3.000 milliards de roupies (75 milliards USD) d'investissements pour développer le secteur du fret ferroviaire, 486 milliards de roupies pour les ports et 364 milliards pour ses aéroports.
(©AFP / 06 novembre 2007 13h13)