Les investissements en capital fixe dans les zones urbaines de Chine ont progressé de 26,9% sur un an entre janvier et octobre, loin du ralentissement espéré par les autorités, selon les chiffres publiés vendredi par le Bureau national des statistiques (BNS).
Le Bureau n'a pas précisé quelle avait été leur progression sur le seul mois d'octobre, mais elle a été forte, selon les analystes : de 30,7% en glissement annuel, estiment JP Morgan et Goldman Sachs. "Avec ce bond de 30,7%, après 24,7% en septembre, ils retrouvent leur plus fort taux d'accroissement depuis juin 2006", a souligné Qian Wang, de JP Morgan. "Couplé à l'inflation et à l'accélération du crédit, nous pensons que les risques de resserrement monétaire s'amplifient", a prédit Yu Song, de Goldman Sachs.
Ce rebond intervient alors que les autorités chinoises ont pris différentes mesures de contrôle monétaire et du crédit, en particulier immobilier, secteur dans lequel les investissements ont néanmoins crû de 31,4% sur la période. Le gouvernement a aussi édicté de nouveaux règlements, prohibant ou limitant par exemple les investissements étrangers dans plusieurs pans de l'économie, dont l'extraction minière. La volonté de Pékin de freiner l'afflux de capitaux dans les nouveaux projets se traduit en chiffres : les investissements décidés au niveau central n'ont progressé que de 13,8%. Ces efforts sont toutefois, comme toujours, contrecarrés par la hausse des projets au niveau local, qui a atteint 28,6%.
La croissance, toujours portée par investissements et exportations, a été de 11,5% en glissement annuel entre janvier et septembre. Le commerce a, lui, dégagé un excédent de 212,4 milliards de dollars entre janvier et octobre, soit une augmentation de 59% sur un an. Et, parallèlement, l'inflation reste à un sommet qui n'avait plus été atteint depuis près de 11 ans. En octobre, comme en août, l'indice des prix à la consommation a bondi de +6,5%, à cause de la forte hausse de l'alimentation, premier budget des ménages.
Devant tous ces indicateurs virant une fois de plus au rouge, les économistes prédisent une prochaine hausse des taux d'intérêt, qui sera la sixième depuis le début de l'année, en sus de neuf hausses du taux de réserves obligatoires des banques.