Faute d'efforts, la demande mondiale, tirée par la croissance chinoise et indienne, devrait progresser de 55% d'ici à 2030. Pour tenir, il faudra consentir des investissements de l'ordre de 22.000 milliards de dollars, pour améliorer les capacités de production et l'efficacité énergétique. Pourtant, l'Agence internationale de l'énergie envisage le baril de brut à seulement 108 dollars en 2030, alors qu'il frôlait les 100 dollars ce mercredi.
Le rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) tombe à pic : alors que le prix du brut poursuit son envolée - ce mercredi matin, il cotait au dessus de 98 dollars le baril -, la demande devrait s'accroître dans les années qui viennent. Selon l'AIE, la demande énergétique mondiale devrait progresser de 55% d'ici à 2030, tirée en particulier par la Chine et l'Inde.
Ces deux nouvelles puissances économiques voient leur consommation croître deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Selon les estimations, alors que la demande mondiale devrait en moyenne progresser de 1,8% par an jusqu'en 2030, celle de la Chine et de l'Inde galopera à 3%. Pis, la demande d'énergie chinoise devrait bondir à 5,1% par an jusqu'en 2015, pour refluer quelque peu ensuite.
Avec des conséquences évidentes: d'abord le nombre de barils/jour nécessaire pour alimenter cette soif énergétique devrait atteindre 116 millions dans un quart de siècle, contre 84 millions de barils jour en 2006. Ensuite, les émissions de CO2 devraient progresser de 3,3% par an si rien n'est fait. A cet égard, le parc automobile chinois devrait être multiplié par sept et atteindre les 270 millions de véhicules !
D'ailleurs, dès la fin de cette année, la Chine deviendra, comme cela a déjà été annoncé, le premier pollueur de la planète, devant les Etats-Unis. L'empire du milieu deviendra aussi, vers 2010, le premier consommateur d'énergie au monde. Quant à l'Inde, elle deviendra le troisième émetteur de gaz à effets de serre autour de 2015.
Autant d'éléments d'analyse qui font froid dans le dos. Sans oublier un autre facteur, que met aussi en avant l'AIE : la dépendance accrue des pays consommateurs envers les pays producteurs de pétrole, Russie et Opep.
Bref, il est largement temps d'agir. L'Agence insiste sur la nécessité de consentir des investissements lourds dans le but d'augmenter les capacités de production pétrolière et d'améliorer l'efficacité énergétique. Les sommes requises devraient s'élever à 22.000 milliards de dollars, dont 5.000 milliards pour le pétrole.
Seul rayon de soleil au tableau dressé par l'AIE: le prix du baril de brut. Alors qu'il est bien parti pour atteindre 100 dollars, il devrait se situer à - seulement ! - 108 dollars en 2030, selon l'Agence. Qui envisage même un repli à 70 dollars vers 2015. En fonction, nul doute, des efforts énormes qui seront réalisés pour que nos sociétés s'affranchir de la dépendance à l'or noir, au profit d'énergies renouvelables.