L'Opep veut participer à la lutte contre le réchauffement climatique, comme l'y enjoint l'ONU, mais ne veut pas encore s'engager concrètement sur des mesures ou des financements, renvoyant la balle aux pays riches.
l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) tiennent ce week-end leur troisième sommet des chefs d'Etat avec comme thème de discussions "la fiabilité (des approvisionnements en pétrole), la prospérité et la protection de la planète".
Le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al-Nouaïmi, a déclaré que son pays, chef de file de l'Opep, était "disposé à participer avec les autres à la réduction des émissions mondiales car, comme le reste du monde, nous nous préoccupons des questions d'environnement".
Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la Convention de l'ONU sur le climat, s'est félicité jeudi de l'attitude de l'Opep sur la question du réchauffement climatique, un thème dont l'organisation a débattu jeudi lors des réunions préparatoires au sommet.
"Je pense que le débat ici montre une volonté constructive de participer au dialogue international sur le changement climatique", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Ryad.
Selon lui, les délégués présents à Ryad ont "admis que le pétrole est un facteur majeur dans l'effet de serre et aussi montré une volonté de produire et commercialiser le pétrole d'une manière plus propre".
Daniel Yergin, président du Cambridge Energy Research Associates, a salué les efforts de l'Opep qui est, selon lui, maintenant "partie prenante d'un dialogue sur le réchauffement climatique qui va au-delà de l'identification des problèmes et participe à la recherche de solutions".
Les dirigeants de l'Opep devraient publier un communiqué à l'issue de leur réunion et M. Boer, secrétaire exécutif de la Convention de l'ONU sur le climat, leur a demandé d'y inclure un engagement à investir dans des programmes de séquestration du carbone.
Celui-ci serait bienvenu avant la conférence sur le climat de Bali, qui se tiendra du 3 au 14 décembre et doit ouvrir les négociations en vue d'un nouvel accord international succédant au protocole de Kyoto, qui expire en 2012.
Mais l'Opep reste prudente. "S'il y a des mesures concrètes, nos pays contribueront, mais pour l'instant ils commencent seulement à acquérir ces technologies" de captage et séquestration de carbone, a estimé le secrétaire général de l'Organisation, Abdallah el-Badri, qui représentera l'Opep à la conférence de Bali.
D'après lui, "les pays développés disposent de la technologie" et doivent "prendre la tête" des efforts pour développer cette technologie considérée comme de plus en plus prometteuse pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Interrogé sur un éventuel fonds de l'Opep pour contribuer à la recherche et au développement de cette technologie, M. Badri a répondu que cela viendrait "plus tard, pas en décembre", d'autant plus qu'il n'y a "pas de (réel) programme à développer pour le moment".
"Cela nécessitera beaucoup d'argent, d'investissement, de recherche" et pour le moment "nous ne savons pas combien cela va coûter", a-t-il poursuivi.
Il a renvoyé la balle aux pays consommateurs: "la part de la production de pétrole (dans le réchauffement climatique) n'est pas si élevée, mais celle de la consommation l'est".
Aussi, les pays riches "devraient assumer la plus grosse part des efforts à faire à l'issue de toute négociation", a-t-il insisté, estimant que la Chine, qui devrait devenir le premier consommateur de pétrole peu après 2010, doit faire l'objet d'un régime particulier.
"Leur consommation de pétrole par habitant est très faible. Ils sont 1,3 milliard d'habitants, ils construisent leur pays et nous devons les encourager", a-t-il souligné.