Les maisons passives bénéficient d’une basse consommation énergétique. Matériaux de construction écologiques, très bonne isolation, récupération de l’énergie naturelle : des atouts qui commencent à séduire les Français, après les Allemands et les Suisses.
La maison passive, vous connaissez ? Cette habitation parfaitement isolée, à faible consommation énergétique, fait le bonheur des Allemands et des Suisses. En France, pourtant, elle est encore méconnue. Pourquoi ? «Le coût de la construction en France est plus bas qu’ailleurs, ce qui n’incite pas les entrepreneurs à la performance, explique Ackli Assal, responsable du secteur des collectivités et de l’aménagement à la délégation régionale Picardie de l’ADEME. Et les architectes, davantage formés à la conception qu’à la technique, ne s’impliquent pas suffisamment dans de tels projets.»
Dépenses réduites
Pour inverser cette tendance, un entrepreneur, Richard Lefebvre, s’est lancé dans la construction des deux premières maisons passives de France à Formerie (Oise), avec le soutien de l’ADEME et de la région Picardie. Il se dit convaincu qu’en France aussi, la «basse consommation» a de l’avenir : «Ces habitations utilisent les apports solaires et consomment moins de 15 kWh par m2 et par an, soit 10 fois moins que l’habitat des années 90. Leur prix est plus élevé, mais les dépenses annuelles de chauffage sont inférieures à 200 euros pour une surface habitable de 132 m2.» Les matériaux utilisés sont écologiques : ossature bois, ouate de cellulose pour l’isolation. Les fenêtres sont équipées de triples vitrages, et, pour garantir une bonne étanchéité à l’air, l’ensemble de la maison est enveloppé d’un frein vapeur, un film protecteur qui stoppe l’eau et l’air mais laisse la vapeur d’eau intérieure s’échapper pour assurer une hygrométrie stable. Les murs extérieurs sont revêtus de Fermacell, des plaques de gypse et cellulose, très rigides, résistantes aux lourdes charges et à l’humidité. Elles apportent une isolation phonique supplémentaire, une excellente protection au feu et une bonne inertie: la chaleur est emmagasinée le jour et restituée la nuit.
Des panneaux solaires, combinés à une pompe à chaleur, fournissent l’eau chaude sanitaire. Un puits canadien, un tuyau d’environ 50 m enterré à 1,50 m, apporte dans la maison un air réchauffé l’hiver et rafraîchi l’été, grâce à l’inertie du sol. Une VMC (ventilation mécanique contrôlée) double-flux en assure la distribution dans les pièces. Label Passivhaus
«Pour vérifier les résultats attendus en termes de consommation énergétique, des mesures de calcul et de simulation des dépenses énergétiques sont réalisées par un laboratoire de l’École des mines de Paris, grâce à un financement à 50 % de l’ADEME et du conseil régional de Picardie», souligne Ackli Assal. Le label allemand Passivhaus n’a été délivré aux deux maisons qu’après leur avoir fait subir un test d’infiltrométrie, appelé «Blower Door Test», consistant à mettre sous pression l’édifice et à mesurer l’air qui s’en échappe. Résultat : 0,58 litre d’air par heure, pour une norme à 0,6 l/h.
Les maisons passives en chiffres |
Coût d’une maison: 240 000 euros TTC. 1 818 euros/m2 pour 132 m2 habitables, 20 m2 de garage et 600 m2 de terrain. Coût des études: 20 000 euros, financés à 50 % par la délégation régionale Picardie de l’ADEME et la région. |