Les experts et responsables gouvernementaux du GIEC se réunissent à partir de lundi à Valence pour apporter la dernière touche à leur rapport de synthèse sur le réchauffement climatique et ses conséquences pour le sort de centaines de millions de personnes.
Contrairement aux trois autres rapports publiés cette année par les groupes de travail du GIEC, cette synthèse de 30 pages devrait apporter peu d'informations nouvelles. Elle vise avant tout à rendre compréhensible pour les responsables politiques et les bureaucrates un langage technique complexe.
Le document fera office de document de référence pour les négociations de Bali en Indonésie où doit être décidée le mois prochain l'évolution de l'effort international pour réduire les émissions de gaz à effet de serre après 2012, date d'expiration du protocole de Kyoto.
Les Nations unies a repoussé de plusieurs mois la conférence de Bali, après la parution du rapport final du GIEC (Groupe d'experts international sur le climat), dans l'idée que celui-ci pourrait donner un élan politique à la rencontre.
Bien que créé en 1988 par l'ONU et l'Organisation météorologique mondiale pour évaluer les connaissances en matière de réchauffement climatique, les travaux du GIEC ont pris de l'ampleur et connu un retentissement accru cet année, contribuant à faire évoluer l'opinion publique et des dirigeants politiques dans ce domaine. Les experts du GIEC ont ainsi décroché le prix Nobel de la Paix, qu'ils partagent avec l'ancien vice-président américain Al Gore.
"On m'a rapporté des réactions d'hommes politiques du monde entier choqués par le contenu des rapports et qui estiment que cela doit être suivi d'actions", a expliqué Yvo de Boer, à la tête du secrétariat des Nations unies chargé de la convention sur les changements climatiques.
Les Etats-Unis, l'Australie et de nombreux pays développés qui avaient boudé le protocole de Kyoto sont désormais prêts à discuter à Bali d'un accord pour l'après 2012, a ajouté Yvo de Boer.
"Il y a de plus en plus consensus sur l'idée que la conférence de Bali doit marquer une percée et lancer des négociations. C'est très encourageant", a-t-il déclaré. "Mais ça ne va pas être facile pour autant".
Quelque 145 délégations nationales se retrouveront à Valence pour étudier cette Synthèse à l'usage des dirigeants, dont chaque ligne doit être adoptée par consensus. La version finale doit être rendue samedi, en présence du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
"Je m'attends à ce qu'il y ait des bagarres sur la formulation finale", notamment sur le niveau d'urgence et de certitude de certains événements, a commenté Peter Altman, du groupe de pression écologique américain National Environmental Trust.
Les études du GIEC parues plus tôt dans l'année ont dressé un tableau alarmant de la situation de la planète, expliquant que la température pourrait gagner jusqu'à six degrés Celsius d'ici 2100 si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites. Une seule augmentation de deux degrés suffirait à menacer les réserves en eau de quelque deux milliards d'hommes et menacer d'extinction 20 à 30% de la faune et de la flore terrestres, a alerté le GIEC.
Les scientifiques ont proposé une série de mesures technologiques pour freiner au maximum le réchauffement. Les investissements nécessaires atteindraient environ 3% du PIB mondial, bien moins que ce qu'il en coûterait pour réparer les dégâts induits par une hausse des températures supérieure, selon les membres du GIEC.
"Lorsque la synthèse sera approuvée, elle deviendra la propriété des gouvernements", explique Bert Metz, l'un des 40 auteurs du projet de synthèse. "Il leur sera dès lors difficile d'ignorer des conclusions auxquelles ils ont eux-mêmes apporté leur caution".