Le commissaire européen à l'Environnement Stavros Dimas s'est montré mardi défavorable à l'idée française de taxer les produits importés de pays non engagés dans la lutte contre le réchauffement climatique, préférant pousser ces pays à participer à un accord post-Kyoto.
Pour M. Dimas, la "meilleure solution serait la conclusion d'un accord international" en 2009 pour succéder au protocole de Kyoto, a-t-il déclaré mardi, quelques jours avant l'ouverture le 3 décembre d'une conférence décisive sur le climat à Bali.
L'UE doit convaincre à Bali les Etats-Unis d'une part, les pays émergents à croissance rapide (Chine, Inde, Brésil, etc) d'autre part, de lancer des négociations en vue d'un accord incluant des objectifs contraignants de réduction des émissions de CO2 pour succéder au protocole de Kyoto qui expire en 2012.
L'Union est prête à diminuer de 30% ses émissions de gaz à effet de serre en 2020 comparé à 1990 "pourvu que les autres pays industrialisés s'engagent à des réductions comparables" et que les pays en développement les plus avancés "limitent la croissance de leurs émissions d'ici 2020, puis les réduisent ensuite", a souligné M. Dimas.
Pour M. Dimas, ce "principe d'une responsabilité commune mais différenciée" en fonction de la capacité de chaque pays va "à l'encontre de l'idée de fixer des droits de douane à ces économies en développement rapide".
En outre, une telle taxation pourrait ne pas être "compatible avec les règles de l'Organisation mondiale du commerce".
M. Dimas a cependant reconnu que les industries européennes fortement consommatrices d'énergies ne devaient pas être défavorisées par rapport à la concurrence internationale.
Il a fait allusion à plusieurs idées actuellement discutées dans l'Union, comme la possibilité d'avoir des accords internationaux par secteur industriel, ou celle d'obliger les importateurs à acheter des crédits d'émissions de CO2 comme les industriels européens sont contraints de le faire dans le cadre de la bourse européenne au CO2 mise en place en 2005.
La Chine, l'Inde et le Brésil refusent de discuter de réductions contraignantes tant que les Etats-Unis eux-mêmes les rejettent.
M. Dimas s'est montré "prudemment optimiste" sur un succès à Bali, estimant que ce serait un "test crucial" pour la communauté internationale.
"Si on n'a pas d'accord, alors les impacts négatifs du changement climatique seront irréversibles. Cela vaut aussi pour les Chinois et les Américains", a-t-il souligné.
Sans accord international, l'UE a déjà annoncé qu'elle réduirait ses ambitions de réduction d'émissions à 20% d'ici 2020.
La Commission doit présenter le 23 janvier ses propositions pour répartir cet objectif entre les 27, qui font l'objet d'âpres discussions entre Bruxelles et les Etats membres.
Outre des objectifs contraignants de réductions, l'UE souhaite que le nouvel accord international comprenne une extension au monde entier de la bourse européenne du CO2, une réduction des émissions résultant de la déforestation (20% des émissions mondiales de C02) et des mesures pour réduire les émissions du transport aérien et maritime.