Les émissions de CO2 par constructeur automobile en Europe
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Un scénario inacceptable pour les constructeurs. La direction générale chargée de l'environnement à Bruxelles veut " imposer une lourde pénalité de 95 euros par gramme de CO2 supplémentaire. Le tout multiplié par le nombre de ventes de chaque constructeur ", explique une source proche du dossier. Parce qu'ils immatriculent davantage de véhicules, " Renault ou PSA risquent de payer davantage que les spécialistes allemands du haut de gamme comme BMW ou Mercedes, même s'ils font mieux qu'eux en matière d'émissions. C'est n'importe quoi ", s'insurge un constructeur français.
Renault pourrait ainsi payer 1 milliard d'euros de pénalité pour un simple dépassement de 5 g par rapport aux objectifs draconiens de 120 g de CO2 au kilomètre en moyenne fixés par la Commission pour 2012. Soit les deux tiers de sa marge opérationnelle l'an passé. PSA, qui vend davantage en Europe, débourserait 1,2 milliard. Toutefois, Günter Verheugen, commissaire à l'Industrie, pourrait faire des " propositions plus réalistes ".
PAS DE MIRACLES
Les constructeurs sont d'accord entre eux pour protester globalement contre le niveau des pénalités, d'autant qu'ils affirment ne pas pouvoir atteindre les 120 g (en fait, 130 pour le véhicule, 5 g pour les biocarburants, 5 pour des mesures complémentaires à définir) en 2012. " Il faut de la flexibilité. 60 % des voitures neuves proposées aujourd'hui seront encore au catalogue en 2012. 30 % sont déjà techniquement figées. On ne pourra pas faire de miracles ", explique le même constructeur français, ajoutant : " Il faudrait une période de transition, des pénalités progressives entre 2012 et 2015 par exemple. "
Même s'ils essaient d'afficher un front uni, les constructeurs s'affrontent entre eux sur les modalités pour atteindre l'objectif d'émissions de 120 g. La Commission doit annoncer demain que ces modalités prendront en compte le poids ou la surface des véhicules, pour rendre le système acceptable par les constructeurs allemands, producteurs de gros véhicules. L'annonce pourrait être cependant reportée.
UN SENTIMENT D'INJUSTICE
Le hic, c'est que " la moyenne de120 g devra être respectée. Si l'on permet aux allemands de rester au-dessus de cette valeur, on demandera donc aux français et aux italiens de descendre encore en dessous. C'est injuste. On demande des efforts supplémentaires à ceux qui ont fait le plus de progrès ces dernières années ", renchérit-on au sein de l'industrie automobile hexagonale. Le président français, Nicolas Sarkozy, et le chef du gouvernement italien, Romano Prodi, ont écrit à José Barroso, le président de la Commission, pour plaider le dossier de leurs constructeurs respectifs. " Un accord sur les bases réclamées par les constructeurs allemands rendrait excessif le coût des petites voitures, les moins polluantes. Cela serait donc contre-productif ", insiste un expert.
ALAIN-GABRIEL VERDEVOYE